Un temps grisonnant, symbolisé par d’inquiétants nuages grisâtres planait au dessus de l’arène de Baldorheim. Le temps était lourd… Un orage se préparait. Pourtant, malgré une météo menaçante, bon nombre d’habitants de la cité montagnarde s’était déplacés en ce jour. Ce n’était pas pour l’une de ces batailles chaotiques à quinze combattants que l’arène organisait parfois, ni même pour un face-à-face dantesque entre deux légendes de l’arène. Non, cette fois-ci, c’était pour une nouvelle tête que ces gens faisaient le déplacement.
Derrière les lourdes grilles le séparant de l’enceinte de combat, Jûken’Maw patientait, le visage dissimulé derrière son éternel masque à cornes. Sa décision de s’inscrire à l’arène ne s’était pas faite sur un coup de tête. Le djöllfulin avait trois bonnes raisons de se trouver en cet endroit et la fortune ne faisait parti d’aucunes d’entre elles.
Premièrement : faire connaître les djöllfulins auprès de la population, race encore méconnue sur le continent et qui continuait d’alimenter les rumeurs de leur soi-disante filiation avec diverses entités démonique. La venue à l’arène d’un de ces « diables à cornes », comme les désignaient certaines mauvaises langues, était d’ailleurs ce qui avait ameuté autant de monde dans les gradins de l’arène. Deuxièmement : repérer les principaux combattants de cette région. Un inventaire des têtes et capacités de ces gladiateurs venus parfois de très loin et au passé parfois trouble ne serait jamais une perte de temps. Plus on en savait sur une potentielle future menace et mieux c’était. Enfin : s’entraîner, se dépasser physiquement et mentalement contre tout type d’adversaires. La sécurité de ce monde l’imposait et les préceptes de Lagmarù l’imposaient. Jûken’Maw ne pouvait se permettre de faillir sur l’un de ces deux points...
Un puissant son de cor retentit tandis que, dans un désagréable crissement métallique, les lourdes grilles de l’arène se levaient. Le djöllfulin, fusil en main s’avança à travers l’étendue de terres battue, sous les applaudissements et les regards curieux des spectateurs. Son adversaire ne tarda pas à pénétrer à son tour dans l’arène, cette fois-ci sous le regard circonspect du servant de Lagmarù.
Un rabclaw… D’un rapide coup d’œil, il analysa le potentiel de dangerosité du gladiateur aux longues oreilles. Une armure rafistolée, des armes mal affûtés. Il sentait l’alcool à plein nez. Même sa garde était pleine d’ouverture. N’importe qui aurait versé une larme de rire en voyant pareil adversaire… Mais pas Jûken’Maw. Il n’appréciait qu’à moitié que son opposant, par son comportement négligé, lui manque de respect. Un bon combattant se devait d’être consciencieux avec son matériel, focalisé sur l’affrontement et, en arène, respectueux de ses adversaires. Qui l’avait autorisé à combattre ?
Tout comme cette ville corrompue et gangrené par le chaos, cet impertinent, tenant plus du déchet alcoolisé que du guerrier, méritait un redressement exemplaire.
S’il faut commencer par là… Soit. Il rangea son fusil dans le holster situé dans dos puis fit craquer ses phalanges tout en s’approchant de son adversaire.
Il allait déguster...