Le regard des personnes peuvent être pesant parfois. Ils te pèsent lourds sur la nuque et te donnent envie de rugir. Je reportai donc mon regard, de la couleur du soleil, à la pupille tranché aussi noire que la nuit dans les yeux verts d'eau du pécheur. J'étais venu pour refaire mon stock de poissons, depuis qu'une malheureuse rencontre me les avaient piqués. Après avoir longuement marchandait, je laissais le pauvre marchant qui sentait la peur. J'avais, sans vraiment le vouloir, sortis mes griffes et voir un être à demi-lion n'est pas génial tous les jours. Mon costume, ouvert sur le côté, était impeccable, ni froisser ne rien de plus et mes sandales -dont j'avais horreur- étaient neuves. Je marchais mécaniquement, pour ne pas inquiéter plus que ça les pauvres habitants finirait pas avoir une crise cardiaque. Je marchais donc à la parallèles de l'eau, faisant des sourires sans crocs aux passants.Alors que mon regard s'abîmait sur l'eau, sans ralentir ma marche, je rentrais dans le torse d'une personne. Je maudis intérieurement mon odorat, car il ne m'avait prévenus que trop tard. Mais maintenant, je le sentait. C'était une jeune fille, dans les quatorze ans que je venais de bousculer. Mes sens s'excitèrent. C'était un louve aussi!
-Excuser moi, mademoiselle si je vous ai fait mal, murmurai-je avec gentillesse, faisant un sourire pleins de crocs.

Spoiler:

Nova longeait le port. Elle était dans les parages car elle cherchait toujours comment trouver le rubis manquant à sa collection, ou plutôt à son lot. Sans ce dernier, elle ne pouvait faire fabriquer une arme qu'elle comptait offrir à l'un des siens lorsqu'elle serait de retour au campement des orcs. Plus que quelques jours avant de se mettre en route et la route, ce n'était pas ce qu'il manquait.
Toutefois, alors qu'elle était prête psychologiquement à retourner dans le centre du pays, elle savait pertinemment qu'elle n'arriverait pas là-bas indemne, ce n'était JAMAIS le cas. Quand on est aventurière dans l'âme et qu'on a bon coeur, on fini toujours par tomber dans un traquenard, un attrape couillon, une baston d'ivrogne ou quoi que ce soit d'autre qui retarderait l'arrivée à destination.

Nova haussa les épaules en étant dans ses pensées puis leva la tête et constata qu'un jeune poilu brusquait une jeune gonzesse.

- Hé mon chaton, tu peux lever les yeux non ? Puis c'est pas comme ça qu'on pécho, franchement...

Spoiler:

Même en hiver, le climat d'Ishtar était assez doux. Et au milieu de ses aventures sanglantes, qu'il s'agisse de combats dans les hauteurs de BaldorHeim, de parties de chasse endiablées aux alentours de Kastalinn, ou simplement d'entraînement au bord du Lac Fresha, Saigo avait l'habitude d'évoluer dans un froid glacial. Alors pour une fois, pour la première fois de sa vie peut-être, il s'était accordé un petit temps de repos, presque de vacances, sous de meilleures hospices.

Bon, il cherchait quand même un peu d'activité, parce qu'un Exécuteur ne reste pas inactif et sans entraînement plus de 12 heures, sinon il s'énerve. Et un Exécuteur énervé, quand il se trouve dans une ville, généralement, quand il repart, il n'y a plus de ville. Et ce serait dommage de rayer Ishtar de la carte.

Du coup, il observait les cargos pirates débarquer leurs marchandises volées. S'il se faisait un petit raid ? Ce serait rigolo tiens. Toutefois, il entendit un léger grabuge un peu plus loin le long de la jetée. Deux gamins, et une grande silhouette verte que le stryge noir ne connaissait que trop bien. Il s'approcha, captant la fin de l'intervention de Nova. Tiens, elle parlait de séduction, elle ?

Et bien, et bien... Je ne te pensais pas ce côté séductrice, l'amie. Et puis entre nous, il est peut-être un peu petit pour toi, non ? Et poilu aussi.

Nova se retourna et esquissa un grand sourire, ne faisant même pas attention à la réaction des deux autres petits minois qui se trouvaient à présent derrière elle.

Tiens, te voilà dans les parages, je ne m'attendais pas à te voir te faire dorer la pilule dans ce coin du monde. Puis tu as raison, dit-elle en posant sa main sur l'épaule du stryge, t'es plus à mon goût, je t'invite à boire un verre dans un taudis malfamé remplis de soulards ?

Puis finalement elle se retourna pour voir ce qu'il en était du rentre dedans qui venait de se dérouler quelques secondes plus tôt. Elle regarda le grand chaton.

C'est comme ça qu'on fait, BIM BAM BOUM, franco. Mais bon, lui c'est pas un bon exemple, il est trop chaste, termina t-elle en cachant une partie de sa bouche et chuchotant faussement en désignant Saigo de son pouce discrètement.

Je t'invite à boire un verre dans un taudis malfamé remplis de soulards ?

Saigo, qui recherchait justement un peu d'activité, était fortement alléché par cette proposition. C'était le genre d'occasion rêvée pour purger des ivrognes. Et puis, même s'ils avaient leurs différence, l'orquette restait de bonne compagnie, surtout avec ses deux gourdins. Mais alors si en plus elle payait la bière, là l'Exécuteur ne pouvait résister.

Toi, tu sais me parler.

Nova expliqua alors à... l'homme-chat ? Bref, elle lui expliquait que c'était comme ça qu'il fallait faire. Pour passer une nuit de folie dans la fureur du sang et des lames, oui, complètement. Mais si elle parlait de séduction... Non ? Si ? Après tout, Saigo était pour ainsi dire orphelin. Exécuteur depuis l'âge de 12 ans. Obligé de subvenir à ses propres besoins depuis l'âge de 15 ans. Ses interactions avec le sexe opposé se limitaient à peau de chagrin. D'ailleurs, hormis Nova, est-ce qu'une femme avait déjà survécu à une rencontre avec lui et ses dagues ? Peu importe.

J'appuie tes propos, Nova. BIM BAM BOUM, la lame dans la gorge, et surtout tu ne te retourne pas pendant que l'autre agonise.

Ce n'est qu'à ce moment là que le Faucheur remarqua une autre protagoniste, au sol, et muette depuis tout ce temps.

C'est confortable en bas ?

Axe déambulait dans les ruelles d'Ishtar, le nez enfoui dans les replis de sa cape ; la ville entière puait. Chaque habitant, chaque bâtiment, tout était imprégné d'une odeur de poisson qui tordait les entrailles de la lycanthrope. Elle atteignit le port avec une grimace dégoûtée et avisa les quelques navires amarrés au grand quai, cherchant des yeux un pavillon noir parmi ceux qui se dressaient une dizaine de mètres au-dessus de la foule. Les remugles qui venaient des bateaux de pêches la firent tousser, et elle grimaça de plus belle, fendant la foule d'un pas rapide pour trouver ce qu'elle cherchait le plus vite possible. D'un pas un peu trop rapide, sûrement ; mais mieux valait renverser un ou deux badaud que de s'éterniser dans cet endroit immonde.
Finalement, Axe ne renversa personne. Elle repéra un navire et s'élança vers lui avec un soupire de soulagement, le ventre noué. Elle avait presque atteint son objectif. Juste quelques mots à échanger avec le capitaine, et elle pourrait s'enfuir quelques jours en direction de Red Sun Belt - pour y vomir le maigre repas qu'elle avait eu la forte d'avaler il y a quelques heures, sans doute. Soudain, elle sentit une masse heurter son flanc droit, et la douce vision du bateau tout proche fut remplacée par un gros plan sur des sandales neuves. Axe laissa échapper un gémissement ; pas à cause de la douleur, mais plutôt parce qu'elle voyait son séjour au port se rallonger considérablement : le temps de se relever, de refaire le portrait à celui qui avait eu l'audace de la bousculer...une éternité. La lycanthrope se redressa sur ses coudes et lança un regard orageux vers le haut, les lèvres pincées et plus nauséeuse que jamais.
Elle ouvrit la bouche pour envoyer chier le jeune homme qui s'excusait maladroitement mais se figea dans son geste. Une peau-verte avait l'air de s'en charger. Axe pressa un pan de sa cape contre son nez et attendit que l'orc finisse sa phrase -  qui se termina sur un conseil qui fit pouffer un peu malgré elle la jeune fille. Elle regretta immédiatement son geste quand l'air vicié s'engouffra dans ses poumons, et que ses tripes lui firent comprendre qu'il était hors de question de rester un instant de plus dans cette ville nauséabonde.

C'est confortable en bas ?

Axe releva la tête une seconde fois en direction de la voix provenant d'un individu bizarre tout en noir et au visage brûlé, qui avait visiblement rejoint la discussion.  Elle tendit le bras dans sa direction et articula avec une vois amère :

Vous me regardez ou vous m'aidez à me relever ?


Le regard d'Axe dévia vers son épaule, qui lui faisait mal. Le tissus qui la recouvrait était déchiré, exposant sa peau barrée d'un belle estafilade à l'air chaud du port. Elle regarda le jeune homme qui l'avait heurté avec toute la frustration et la haine dont elle se sentait capable. Ok...Lui, une fois debout, je lui explique comment on bouscule une lycanthrope.

La bouche ouverte, estomaqué, j'écoutais la peau-verte, dénommée Nova, sans même penser à relever la jeune Lycanthrope. Puis un stryge noir se ramenait et la conversation devins étrange. Je reculai légèrement, apeuré par l'ange mortel, mes pupilles arrondies. Je détestais les Stryges, depuis que Jal, mon père adoptif, m'avais expliqué qu'ils avaient tués mon père biologique. Je serrais les poings, ce qui fit que mes griffes pénétrèrent ma peau. Mon regards d'or se perdis sur le bras de la jeune fille qui j'avais renversé qu'elle tendais vers l'ange de la couleur de la nuit. Immédiatement, ne voulant pas qu'il la touche, je la relevais. Mes yeux volèrent de son visage à celui de la peau-verte et je hochai la tête, pour la remercier de son conseil.
-Je suis vraiment désoler... murmurai-je en fixant la jeune fille de mes yeux animaux.

Axe se sentit soulevée par les épaules et se retrouva debout aussi brusquement qu'elle était tombée. Elle fronça les sourcils ; c'était la deuxième chose qu'elle n'avait pas décidé durant la journée, elle détestait ça.

Je suis vraiment désolé...

 La lycanthrope soupira et se retourna vers le jeune homme. Elle fut un peu surprise par son visage et sa crinière -avant de se dire qu'elle ne valait sans doute pas mieux. Il n'avait plus l'air de savoir où se mettre, le pauvre. La jeune fille décrispa les sourcils comme elle put et hocha la tête  en signe d'approbation. Tant pis si elle avait envie de lui faire bouffer ses sandales, il ne le méritait pas vraiment.

C'est bon, lâcha-t-elle avec la voix la moins agressive possible. Puis, elle tourna la tête dans la direction de la peau-verte et l'individu bizarre. Est-ce que quelqu'un a quelque chose pour mon ép...

 Axe s'interrompit en plein milieu de sa phrase, horrifiée. L'épaule blessée et découverte était aussi celle qui portait la  marque rougeâtre qu'elle avait “reçue” plus jeune. Elle se dépêcha de rabattre sa cape dessus et s'éloigna le plus vite qu'elle put dans la foule sur un : « Pardon, je dois partir. », courant à moitié, le sang battant aux tempes et les mains moites. Elle s'arrêta dans une ruelle et s'adossa au mur pour reprendre sa respiration ; ses genoux tremblaient et sa nausée était plus intense que jamais. La jeune fille plaqua une main sur sa bouche et se laissa glisser jusqu'au sol. Si quelqu'un l'a vue...
 Plusieurs minutes passèrent sans qu'elle n'ose bouger, paralysée par une terreur qu'elle croyait avoir oublié depuis longtemps. Tu es stupide, Axe. Si tu croyais que ça allais arrêter de te poursuivre en dehors de Malorane...
Finalement, le souffle lui revint et son coeur se calma. Le mal de coeur, lui, resta encré dans ses entrailles, à l'image du fumet de poisson ambiant que rien ne pouvait dissiper ; mais au moins, il ne l'empêchait plus de réfléchir. Axe ferma les yeux quelques instants. Je dois retrouver le jeune, c'était le plus proche de mon épaule. Si quelqu'un a remarqué quelque chose, c'est forcément lui...quand aux deux autres, il viendront ensuite.
 Axe se releva péniblement et protégea son nez avec son avant bras. Elle fit volte-face et se dirigea vers le port, capuche relevée cette fois. Méconnaissable...la lycanthrope fut prise d'un rire nerveux ; elle ne se sentait plus du tout protégée par l'étoffe. Elle se sentait vulnérable. En danger. Il faillait que ça cesse. Le souvenir du bateau lui revint et elle se dirigea vers l'embarcation, avançant prudemment pour se pas risquer de se faire renverser une seconde fois. Le capitaine braillait des ordres à deux pauvres mousses dans un Dùralassien qui vrilla les oreilles de la lycantrhope, habituées à un dialecte plus...moins...moins “pirate”. Elle posa une main sur l'avant bras du gros tas bruyant.
« Pardonnez-moi, je peux pour parler un instant ?
- Kessemveuelle, grogna le capitaine en se retournant maladroitement.
- Je cherche un jeune Lowën. Pas du genre à passer inaperçu.
- Pas vu. Quoique...t'as de quoi payer ?
Axe soupira profondément.
- Pas en liquide. Elle désigna un des deux mousses d'un mouvement de la tête, en essayant d'ignorer la lueur qu'elle venait de voir passer dans les yeux du capitaine. Celui-là m'a l'air faiblard, je prends sa place gratuitement si vous me renseignez.
- T'es pas bien épaisse non plus, hé.
- Suffisamment, murmura Axe.
- Hein ?
Pour toute réponse, Axe se dirigea vers le mousse, le dégagea sur le côté d'un coup de flanc et hissa un tonneau sur son épaule valide, qu'elle alla déposer sur le pont du bateau.
- Alors ? lança-t-elle en maîtrisant sa voix pour paraître la moins essoufflée possible ; les tonneaux étaient un poil plus lourds que les sangliers.
- Là-bas, dit le gros marin en pointant une direction. Mais j't'te préviens, t'es ici dans trois jours pour terminer d'embarquer tout le bordel ou tu vas avoir des emm...
- Merci, le coupa Axe. »
Elle fendit la foule en direction de l'endroit indiqué, un sourire satisfait sur les lèvres. D'une pierre deux coups...Son sourire s'élargit quand elle aperçut une crinière de lion parmi les têtes des badauds. Elle se rapprocha et posa une main sur l'épaule du Lowën, en haussant la voix pour se faire entendre par-dessus le brouhaha.

Retournez-vous, j'ai à vous parler.

Les chances que deux thérianthropes se retrouvent dans un périmètre si restreint était faibles ; Axe espérait avoir fait bonne pioche...Si elle avait réussi à remettre la main sur le jeune homme, trouver une orque et un stygre noir pourrait être plus facile que ce qu'elle n'imaginait. Peut-être avait-elle eut tort de s'inquiéter.

Spoiler:

Alors que la jeune fille au sol tendait le bras vers Saigo, l'homme-chat se précipita pour l'aider à se relever, tout en s'excusant à nouveau. De ce qu'il comprenait, c'était le poilu qui avait renversé la gamine. Et Nova, qu'est-ce qu'elle faisait là ? L'Exécuteur n'en avait aucune idée. Le visage dissimulé sous sa capuche, il ne put s'empêcher de sourire. Je comptais pas l'aider, de toute façons... s'amusa-il mentalement. Toutefois, lorsque la petite s'éclipsa précipitamment, le stryge noir ne put se retenir de lancer.

Sans être spécialiste, je dirais qu'elle n'est pas intéressée.

En revanche, quelque chose titillait légèrement le Faucheur. L'enfant s'était barrée en marmonnant vaguement quelque chose qui ressemblait à une excuse. Ni un au revoir, ni un "merci de m'avoir relevée", voilà qui était impoli. Saigo laissa échapper un soupir, avant de se diriger sur les traces de la gamine. Cependant, lui prit le temps de s'expliquer.

Vous m'excuserez, mais la politesse c'est important, alors je vais aller éduquer la gamine. Et par éduquer, il voulait dire "lui mettre des grandes tartes dans le museau jusqu'à ce qu'elle comprenne. Ou s'évanouisse." Ses yeux d'analyste informèrent l'assassin que sa cible s'était engouffré dans une ruelle non loin. Sans se presser, il s'approcha... seulement pour voir la gamine lui passer sous le nez en l'ignorant royalement. Elle repartait dans la direction opposée. N'ayant rien de mieux à faire, et étant un poil énervé par l'enfant, Saigo tourna à son tour les talons, et continua à suivre la petite. Elle s'était approchée d'une embarcation pirate, et était repartie quelque instants plus tard, pour aller trouver un homme. Mais alors qu'elle posait une main sur l'épaule de son interlocuteur, le stryge noir arriva derrière elle, passant un bras autour de ses épaules, et lui souffla à l'oreille.

Et bah alors, on s'en va sans dire au revoir. C'est pas très poli tout ça.

Axe se raidit au contact du stygre noir, les lèvres serrées. Il avait entouré ses épaules d'un bras et rapproché sa bouche d'une de ses oreilles, son col venant chatouiller la mâchoire de la lycanthrope.

Et bah alors, on s'en va sans dire au revoir. C'est pas très poli tout ça.

Le thériantrope ne s'était même pas retourné, elle ne pouvait pas vraiment espérer de l'aide de ce côté-là. La jeune fille laissa échapper un grognement quand elle sentit des reliefs métalliques s'enfoncer dans son épaule blessée et dans son flanc, sous la pression du bras du jeune homme ; des manches, des piques, des lames... Elle ne savait pas ce que le stygre dissimulait sous sa cape, mais c'était conçu pour faire mal. Des théories se bousculaient dans sa tête, qu'elle étouffa les unes après les autres. Un assassin envoyé par son père. Un tueur à gages. Un tortionnaire. Bordel, mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à foutre en l'air ses plans aujourd'hui ? Elle le saisit au col pour l'empêcher de se redresser et murmura sur le même ton :

Qu'est-ce que vous me voulez ?

En attendant la réponse, elle relâcha le col et déplaça légèrement une de ses jambes sur la droite, pour faire trébucher un passant. Le premier à se prendre le pied fut un grand marin dans la force de l'âge. Il se retourna pour insulter Axe, mais sa voix s'éteignit brusquement, le laissant la bouche ouverte et les yeux écarquillés. Son regard passa d'Axe au bras du stygre, du bras du stygre au stygre lui-même, pour revenir s'attarder sur la jeune fille.
«Oh...pardon, bredouilla-t-il.»
Et il s'éloigna d'un pas rapide, la tête rentrée dans ses épaules.
Axe regarda avec indifférence ses poings serrés trembler et haussa les épaules, à la fois terrifiée et intriguée.

Diablement pratique, constata-t-elle en portant un regard très légèrement différent sur le jeune homme. On peut rester plantés là, si vous voulez, mais j'aimerais marcher un peu. Pas vous ?

Nova n'avait rien suivi des dernières actions. Alors que dans sa tête elle était en train de se faire tout un film sur la scène qui aurait pu potentiellement se dérouler dans un bar alors qu'une orquette aux grosses massues et un stryge ayant soif de sang referaient le monde, elle loupa quelques secondes. Elle redressa la tête, et constata qu'il ne restait que toufman et... des bateaux.
Nova se retourna, tourna la tête à droite, à gauche, rien.

Bah ?

Mais elle snoba la peluche et repris sa route. Pile poil. Elle tomba sur la donzelle qui était tombée il y a quelques minutes, avec Saigo, ils papotaient... quoi que... elle lui choppait le col là ? Ah mais nan... la garce. C'te vilaine venait de faire un croche-patte gratos à un vieux ?

Nova arriva à son tour derrière les deux, elle attrapa la jeune fille par les deux épaules, la souleva, ignorant avec qui elle était en train de parler (Saigo ou d'autres qui auraient pu être là), trop choquée par la situation.

Tu te fiches de la gueule de qui là, dit-elle en la reposant et en la retournant, approchant son visage du sien. On te bouscule, tu te retrouves à terre comme une merde et c'est comme ça que tu fais justice ? Tu fais tomber un vieux pinpin comme une fleur ? Mais ça va pas, c'est quoi ces manières là ?

Puis elle se retourna vers Saigo.

Tu permets ? Je ne sais pas de quoi vous discutiez, mais je vous interromps.

Puis hop, de retour sur la lycan.

T'es qu'une sale gosse. Si ça ne tenait qu'à moi, j'te ferais bouffer du gourdin, mais là, j'dois aller boire un verre.

En général, lorsque Saigo se montrait "tactile" avec autrui, cela ne signifiait rien de bon. Ses victimes paniquaient, terrifiées qu'elles étaient par la vue d'un stryge noir de 1m90, armé jusqu'aux dents. Mais pas cette gamine, qui avait eu une réaction plus qu'étonnante. En effet, elle s'était saisi du col de l'Exécuteur, et ne perdait pas son calme, au moins en apparence. Elle a du cran... Constata mentalement le Faucheur. Tout est vraiment à refaire dans son éducation... Pressant un peu plus son torse contre le dos de la petite, de sorte que les pointes de ses dagues s'enfoncent légèrement dans sa chair, dans leurs chairs, l'assassin souffla à l'oreille de l'enfant sur un ton beaucoup trop calme :

Si tu tiens à la vie, je te conseille de très, très vite enlever ta main.

Elle s'exécuta. Puis, sournoisement, elle fit chuter un passant, semblant oublier le fait que c'était elle qui était dans la même situation quelques minutes plus tôt. Saigo soupira. Tout est VRAIMENT à refaire dans son éducation... La suite de sa journée était toute tracée. Du moins le pensait-il, jusqu'à ce que Nova viennent s'immiscer dans leurs messes basses. Avec véhémence, elle souleva et retourna la gamine et la couvrit de reproches quand à son attitude.

Oh je t'en prie. Répondit Saigo qui observait la scène avec flegme. Par contre, quand tu as fini, je la reprends, j'allais justement lui proposer de jouer à un jeu éducatif. Je l'ai appelé "Combien de temps une petite pimbêche insolente peut rester consciente pendant que l'écorche vive et que lui brise les os dans l'ordre alphabétique."

Saigo lança un regard sadique, accompagné d'un sourire carnassier, à la gamine qui allait sacrément déguster dans très peu de temps, avant d'ajouter.

Mais le titre est un peu long.

Le titre est un peu long puis en plus on connait déjà la fin. Saigner comme ça à vif c'est trop... rapide, c'est radical. Bon, faut voir comment tu présentes la chose, hein. Je trouve que le gourdin, bien enfoncé dans un trou bien pensé, ça envoie un peu plus du lourd. Là tu vois la souffrance, tu l'entends, tu la ressens, tu... C'est moi qui parle de ça ? Allons-bon, on va pas lui faire ça, c'est pas... drôle ? Oh puis j'sais pas.

Nova tira Axe par le bras pour la refoutre devant le stryge.

Fais ce que tu veux, mais après on va taper de l'ivrogne dans un bar.

Un liquide chaud coula de long du dos d'Axe. Les pointes qui s'enfonçaient dans sa chair lui arrachèrent un gémissement, tandis que le sourire du stygre s'élargissait. Elle s'immobilisa pour limiter la taille des coupures, mais son dos allait avoir besoin de soins, au même titre que son épaule.
D'un coup, la douleur s'apaisa, et les pointes disparurent. Le sol aussi, d'ailleurs ; Axe était suspendue par les épaules à cinquante centimètres du sol, un visage de peau-verte déchainée juste en face du sien. Un déluge de sermons s'abattit sur la jeune fille, qui s'entremêlèrent avec des menaces de tortures. Et des menaces de mort.

Tu te fiches de la gueule de qui là. On te bouscule, tu te retrouves à terre comme une merde et c'est comme ça que tu fais justice ? Tu fais tomber un vieux pinpin comme une fleur ? Mais ça va pas, c'est quoi ces manières là ?

Je dois avouer, le marin, c'était à moitié gratuit, grommela Axe pour elle-même.

La peau-verte reposa Axe et demanda au stygre si elle pouvait continuer de démonter la jeune fille encore un peu. Sans grande surprise, la réponse fut positive.

Oh je t'en prie. Par contre, quand tu as fini, je la reprends, j'allais justement lui proposer de jouer à un jeu éducatif. Je l'ai appelé "Combien de temps une petite pimbêche insolente peut rester consciente pendant que l'écorche vive et que lui brise les os dans l'ordre alphabétique."

Petite pimbêche insolente ? Axe éclata d'un grand rire nerveux incontrôlable, tremblante des pieds à la tête. D'habitude, les gens qui essaient de me tuer font plus dans le «petite garce de bâtarde». Enfin, soit. J'avais mes raisons, mais je suis désolée. Puis, pour l'orque, qui  fantasmait bizarrement sur son gourdin : Est-ce qu'il y a quelque chose que je puisse faire pour éviter de me retrouver écorchée au fond d'une ruelle ?

Pour toute réponse, l'orque la planta devant le stygre en lui disant d'en disposer comme il voulait. Il la regarda fixement, un sourire carnassier taillé sur le visage. Le genre de pervers dérangé qui adore voir crever de peur ses victime, nota-t-elle. Un frisson lui parcourut l'échine ; il était convaincant. Une belle traînée de sang s'étendait là où le dos de la jeune fille avait rencontré ses habits, trop grosse pour ses blessures, d'ailleurs. Le fou s'était blessé lui aussi en s'amusant à lui faire mal... Elle regarda le sang de l'homme se mêler au sien et sentit son poing se serrer sur le manche de sa dague à en trembler, mouvement qui fut suivi par son bras, puis par son corps tout entier. Ça prend plaisir à saigner des jeunes filles et ça veut m'apprendre la vie...Furieuse, Axe se contenta de lancer :

Oh, pitié. Moi aussi je sais sourire.

Et elle lui adressa un rictus déformé par la peur, mais large et plein de crocs.

Mine de rien, la petite avait quand même du cran. Bon, elle était terrifiée, elle tremblait comme une feuille, et Saigo adorait ça... Mais elle ne se dégonflait pas, et elle n'essayait pas de fuir.

Bon, pour faire bonne mesure, l'Exécuteur lui administra quand même un bon gros revers de main patriarcal dans la bouche quand elle éclata de rire, avant de reconsidérer ses plans. L'idée de Nova, avec le gourdin, avait un potentiel assez intéressant, bien qu'au vu du gabarit de sa victime, le stryge noir doutait de la possibilité de sa réalisation. Il fallait dire que la peau-verte se trimballait avec des massues qui faisaient deux fois ses cuisses. Difficile de penser qu'on pouvait faire rentrer ça dans une fillette. Mais à l'occasion, il faudrait qu'il tente.

Toutefois, il avait encore une gamine à éduquer, à la dure. Et malgré sa peur visible à vue d'œil, elle persistait à jouer aux grandes. Du coup, le Faucheur eut une idée. Le genre de truc qui pourrait être bien divertissant pour tout le monde.

Je vois... Mademoiselle est une grande fille après tout. Bien. Puisque tu adore embêter les passants, je te propose de choisir...

Choix numéro un : je te prends à part, là ou personne ne t'entendra crier, et je te fais mal jusqu'à ce que tu me supplie de t'achever.

OU

Choix numéro deux : tu nous suis gentiment jusqu'à la pire taverne qu'on puisse trouver. Le genre de coin remplit de malfrat, de soulards et de mecs violents en général. Et là, tu grimpes sur le bar, tu balances la pire insulte que tu ai en stock, et on regarde combien de temps tu tiens face à un bar entier.

Alors ?

Pour accélérer le choix de l'enfant, Saigo dévoila ses dagues, dont les pointes ruisselaient de son sang et de celui de la petite, et commença à faire jouer le manche entre ses doigts.

Nova explosa de rire aux propositions de Saigo. Elle imaginait tellement la scène, elle et lui assit à une table, la choppe en main, en train de faire un petit signe discret à la gamine pour qu'elle grimpe sur le comptoir et balance sa connerie.

Oh bordel, deux, le choix numéro deux fillette ! J'veux tellement voir ça !

Puis l'orquette se tourna face à Saigo.

T'es un peu chié toi, t'emmerde pas les passants toi tu vas m'faire croire ?

Axe porta une main à sa pommette, sonnée par le coup du stygre. Ça faisait longtemps, tiens...Elle laissa sa main là où elle était, le regard perdu dans le vague, pendant que le corbeau de mauvaise augure répétait qu'elle allait payer ses affronts par des souffrances aussi insupportables qu'interminables, mais qu'en tant que «grande fille» elle pouvait aussi choisir de casser quelques mâchoires d'ivrognes pour se faire pardonner.
Tu parles d'un choix. Axe eut un mouvement de recul instinctif qui la plaqua contre un mur de pierre en entendant la première proposition, parcourue d'un frisson glacial. Quand à la deuxième...la jeune fille n'avait aucune envie de faire office de divertissement de service pour ces deux tarés. Mais elle n'avait pas vraiment son mot à dire ; surtout pas quand la proposition lui permettait de sauver sa peau. Elle jeta un regard noir à la peau-verte qui s'amusait beaucoup de la situation et répondit simplement d'un ton froid :

La grande fille a un nom. Axe inclina la tête au minimum, raide et les mâchoires serrées. Je suis Axe...on m'a refusé la suite. Et vous ?

 Son impuissance face aux deux individus la faisait enrager. Elle avait encore beaucoup de chemin à parcourir pour pouvoir goûter enfin à une véritable liberté, il n'y avait aucun doute là-dessus...et ces idiots venaient de le lui rappeler. Axe s'avança dans la direction du sombre jeune homme, aussi échaudée par la frustration qu'elle avait pu être terrorisée quelques instants auparavant. Elle s'apprêtait à lui balancer un «Proposition numéro un» en signe de «Essaie me faire mal pour voir, je ne serai pas la seule à morfler», quand ses jambes se figèrent. Elle se gifla mentalement, atterrée par son imprudence. De toute évidence, le stygre n'aurait aucun mal à ne faire qu'une bouchée de son insolence et de ses remarques. Tu es trop fière, Axe...La jeune fille fronça les sourcils. Son orgueil et sa langue l'avaient suffisamment mise dans la merde, il était temps de penser à redresser la situation ; et entre les petits jeux malsains du stygre et les poings d'un malfrat alcoolisé, le choix était vite fait.

Si vous êtes vraiment à court d'imagination, je choisis la deuxième option. Puis, elle désigna du menton le méandre de ruelles qui bordait le port. Je connais mal l'endroit, mais vous devriez trouver votre bonheur là-dedans.

 Résignée à passer le reste de sa journée en compagnie des deux compères, Axe croisa les bras et fixa la pointe de ses bottes, le pied gauche agité d'un mouvement nerveux. Tendue comme la corde d'un arc, coincée entre le stygre, le mur et l'orque, elle ne devait pas payer de mine. La jeune fille  balaya discrètement les alentours des yeux, en quête d'une option numéro trois, qui ne vint jamais. Elle aurait pu se jeter sur le stygre et le faucher au ventre avec l'élan - elle n'était pas sûre du résultat si elle essayait sur l'orque. Elle aurait pu tenter d'en savoir plus sur l'emplumé et sur son amie l'orquette hilare. Elle aurait pu hurler jusqu'à ce qu'un des passants vienne la tirer de là, mais vu la gueule qu'ils tiraient tous et la manière qu'ils avaient d'éviter soigneusement de s'approcher, elle pouvait toujours crever.

 Soudain, son regard fut happé par un éclat métallique juste en face d'elle ; deux lames rougies luisaient entre les mains du stygre, encore ruisselantes de sang. Fascinée, la jeune fille caressa du pouce le pommeau de sa propre dague. Les multiples tranchants finement forgés, le manche qui semblait être fait pour la poigne du jeune homme, la manière dont il les faisait danser en jouant nonchalamment...la vision avait quelque chose subjuguant. Axe plissa les yeux. Un, ces dagues n'était pas normales, et deux, elle n'avait pas rêvé, son sang n'était pas le seul à en colorer les lames.
 Les habits sombres et l'armure du stygre s'ouvraient sur une profonde entaille. La jeune fille ne la vit directement qu'une poignée de secondes, mais cela suffit à lui rendre le peu de contenance qui lui restait à récupérer ; ses épaules cessèrent de trembler, ses traits se décrispèrent, son dos et sa nuque se redressèrent d'eux-mêmes. Une minuscule faille dans une forteresse, ça n'avait l'air de rien, jusqu'à ce que la muraille s'écroule...Elle s'autorisa même un bref échange de regard avec le stygre noir, pupilles rouges dans pupilles rouges, avant d'aller se placer aux côtés de l'imposante guerrière ; même si elle avait des idée tordues, sa grande présence avait quelque chose de rassurant face au charisme angoissant du jeune homme.

Le soleil n'est pas tombé, certains malfrats hibernent encore, mais...Axe fit un grand geste du bras en direction des bateaux. Après tout, Ishtar n'est pas connue pour être une ville d'enfants de coeur. Je vous suis.

 Même si un fond de crainte se tapissait encore dans le ventre d'Axe, elle considérait que la menace était écartée. Tout en détaillant la peau-verte des pieds à la tête pour tenter de mieux la cerner, Axe fit jouer un peu les muscles de son dos, afin de vérifier que ses blessures n'allait pas l'handicaper. Elle ne savait pas exactement à quoi l'orque et l'autre emplumé s'attendaient en envoyant une enfant tremblante de peur se battre contre une taverne entière ; mais si une occasion de leur en mettre plein la vue se présentait, Axe allait s'en donner à coeur joie.

Spoiler:

Je sais que ça va te paraître bizarre, mais tant que je suis calme, et que personne ne fait en sorte que ça change, je n'agresse personne gratuitement. Tu sais, on a une petite expression chez nous : "Si t'es doué pour quelque chose, ne le fait jamais gratuitement". Je tue des gens. Et je suis TRÈS doué.

Sa réponse à Nova prononcé, Saigo reporta son regard sur la gamine, qui daignait se présenter sous le simple nom de Axe. En attendant qu'elle choisisse entre une mort lente et douloureuse et une probable mort lente et douloureuse, Saigo grommela dans sa direction :

Je me fiche complètement de ton nom. Et vu ta situation, je doute que tu vives assez longtemps pour que ça vaille la peine que je te donne le mien.

Au final, sans surprise, la petite choisit l'option numéro deux. À défaut d'être le choix secrètement espéré par l'Exécuteur, cela aurait le mérite d'être divertissant. Replaçant les pointes de ses dagues contre sa chair à vif, pour l'occasion dénuée de toute forme d'armure, le Faucheur réajusta distraitement sa capuche, révélant au passage un pan de son corps meurtri de milliers d'entailles. Puis il dirigea tout ce petit monde vers une taverne qui avait l'air bien pourrie.

Les lieux étaient sales, puaient l'alcool de basse qualité et la pisse, et il y avait des cafards. L'endroit parfait pour trouver des pirates ivres-morts, prêt à déclencher une bonne vieille baston générale. Ça ne vaudrait pas les sauvageons de Kastalinn, mais on ne pouvait pas tout avoir. À peine entré, le stryge noir gueula au tavernier au-dessus du brouhaha ambiant :

Deux pintes ! Et un verre, vide. puis à l'intention de la gamine : Le verre, c'est pour récolter les bouts que tu va perdre.

Le trio hétéroclite trouva place à une table au fond de la taverne, mais Saigo ne s'y attarda pas. Entraînant Axe avec lui, il la posa sans effort sur le comptoir et hurla pour réclamer le silence.

HÉ LES GARS ! La petite ici présente à un message pour vous. Écoutez la attentivement deux secondes, vous voulez bien ?

Puis il laissa l'enfant seule, retrouvant Nova à table avec les bières. Et maintenant on attend.

Nova soupira. Finalement elle aurait préféré retourner à ses petites occupations en trouvant les objets dont elle avait besoin pour rentrer dans le centre du continent en toute sérénité.
Elle posa son sac sur la table, celui-ci fit un beau petit son métallique. L'orquette fouilla dedans frénétiquement avant d'en sortir une belle petite arme coupante. Puis elle récupéra son sac, le ferma, le balança sur son dos.

Tu me raconteras la fin une prochaine fois, hein, dit-elle en regardant Saigo à table.

Elle attrapa sa choppe, la bu d'une traîne, déposa une pièce sur la table puis elle avança vers Axe qui se trouvait dans une mauvaise posture, en donnant au passage deux trois coups de coudes dans la gueule des gens qui se trouvaient là.

Tiens, t'en auras plus besoin que moi. C'est un Tetsubo, j'te conseil d'en prendre bien soin, c'est... rare et précieux. Il va t'aider. A la prochaine ! Ah et ça aussi, t'as quelques pièces pour offrir une tournée générale, ça évitera les problèmes, y'a que ça qui marche ici

Puis Nova décampa aussitôt en prenant la porte, se souvenant qu'elle avait mieux à faire que se bastonner pour le moment.

Pour quelqu’un qui se montrait si attaché à la politesse, le stygre était très contrariant. Pas foutu de donner son nom, il avait même le culot d’avouer se foutre éperdument de celui d’Axe ; au moins, l’hypothèse du tueur à gage était complètement écartée.
Il jeta finalement son dévolu sur une petite bâtisse décrépie en bordure du port. Une bouillie sonore de beuglements et de rires gras filtrait à travers les fenêtres de la taverne, enrobée d’une odeur d’alcool fort. Quant aux fumets des divers fluides que pouvaient rejeter les marins bourrés, Axe ne voulut même pas y prêter attention. Elle passa la porte avec l’impression que l’endroit avait envie de détruire ses sens un par un et d’en piétiner les miettes, la tête rentrée dans les épaules et les lèvres pincées. D’habitude, elle aimait bien les tavernes –et leur population, quoiqu’on puisse en dire- mais là...
La voix du stygre qui interpelait le tavernier l’extirpa de ses réflexions.

Deux pintes ! Et un verre, vide. Puis, il tourna la tête vers Axe. Le verre, c'est pour récolter les bouts que tu va perdre.

Mais va te faire voir !

Tendre intention, grogna-t-elle.

Pendant qu’elle s’avançait vers le bar pour récupérer les trois chopes, encadrée par le stygre noir et l’orque, Axe détailla un peu les lieux. Murs sales, mobilier croûlant, coins sombres aussi sûrs qu’un coupe-gorge de nuit, on aurait presque dit que l’ambiance avait été créée exprès pour les pirates qui peuplaient le port. Peut-être, après tout. Le lieu était en tout cas plein de malfrats plus ou moins conscients, parfois debout, parfois assis, parfois étendus par terre. Le plus mal en point gisait dans un coin et puait la mort, dans tous les sens de l’expression.
 Les deux compagnons/amis/connaissances/tortionnaires du dimanche –Axe ne connaissait pas vraiment la nature de leur relation- s’assirent à une table miteuse au fond de la taverne. La jeune fille grogna quand son dos à vif heurta le dossier de sa chaise, mais remarqua avec un demi-sourire que ses pieds touchaient le sol.  

L’agréable sensation s’évapora trop vite quand Axe se retrouva entraînée par le stygre jusqu’au bar. Il la souleva comme si elle pesait moins lourd qu’une plume et la flanqua sur la planche de bois tâchée de bière. Je suis si légère que ça, moi ? Merde ! L’idée de ressembler à une gamine frêle la révulsait. Tandis que le jeune homme encapuchonné demandait le silence, Axe fit le point intérieurement ; peur, colère, frustration…elle était plus ou moins prête pour faire un massacre.
Elle jeta un coup d’œil au stygre qui regagnait la table à grand renfort de coup de coude en notant qu’elle avait complètement oublié de réfléchir à une insulte.
 Axe défit sa cape, qui allait plus la gêner qu’autre chose, et la posa sur le comptoir. Elle sourit en voyant la tête que tiraient les pirates les plus proches en apercevant les marques de son hybridation ; ses oreilles et sa queue attiraient les regards, et elle avait conservé ses crocs sans vraiment y faire attention. Ses poumons étaient gonflés d’air, ne lui manquait plus que quelque chose à envoyer…
 Soudain, le visage de la peau-verte remplaça les gueules interrogatrices des pirates. La grande guerrière, plantée devant le comptoir, lui tendit une grosse bourse et une arme qui fit frémir la jeune fille de convoitise.

Tiens, t'en auras plus besoin que moi. C'est un Tetsubo, j'te conseil d'en prendre bien soin, c'est... rare et précieux. Il va t'aider. A la prochaine ! Ah et ça aussi, t'as quelques pièces pour offrir une tournée générale, ça évitera les problèmes, y'a que ça qui marche ici 

Axe resta quelques instants la bouche ouverte, un air d’incompréhension sur le visage. Mais qu’est-ce qu’elle me fait, elle ? Elle n’eut pas le temps de formuler sa question, l’orque s’était déjà éclipsée. La jeune fille hurla un « heu…MERCI ! » et vit la peau-verte disparaître par la porte de la taverne.
Elle se tourna vers le stygre dans son coin de taverne et écarta les bras.

 Et maintenant ?

Brusquement, Axe sentit une grande main calleuse agripper sa cheville.
« Hé gamine, file la bourse !
- Plait-il ? Axe baissa la tête et toisa le marin à qui appartenait la main.
- La bourse !
- Hum, non. Axe jaugea et soupesa un peu la bourse rondelette dans sa main. Non, vraiment, je la garde.
L’étreinte se resserra, et l’ivrogne beugla une menace.
- Lâche-moi, ordonna-t-elle, ça me ferait chier de devoir te couper la main. »

 Le marin ne lâcha pas. Axe dégaina sa dague et la leva le plus haut possible. Dernier avertissement. Le marin ne lâchait pas du tout et serrait même de plus en plus fort, entravant la circulation dans le pied de la jeune fille et contemplant toujours d’un air perché la bourse qui flottait au-dessus de sa tête. Est-ce qu’une effusion de sang dans ce genre d’endroit est vraiment une bonne idée ? Axe savait qu’elle pouvait endiguer quelques pirates ivres, mais les imbéciles étaient capables de devenir de véritables machines de guerre à la moindre goutte d’hémoglobine – et elle aussi, d’ailleurs.
Finalement, elle donna un violent coup avec son talon valide derrière la nuque de l’ivrogne, dont le visage alla s’éclater sur le bois dur du bar, déclenchant quelques rires et beaucoup de beuglements indignés. Il restait peu d’intéressés pour une tournée générale, visiblement, et le mot « baston ? » se lisait dans tous les regards. C’est vous qui voyez.

HRP:

Le départ soudain de Nova avait décontenancé Saigo, et soudainement, le stryge ne voyait plus autant d'amusement à voir une gamine à moitié hybride se faire dépecer par des pirates. L'Exécuteur se rappelait qu'il préférait faire ce genre de choses lui-même plutôt que de regarder les autres. Alors quand il vit la peau-verte offrir de quoi se défendre, l'assassin décida d'aller lui prêter main forte.

Les petits malfrats, pirates de pacotilles et autres ivrognes avide de baston semblaient prêts à sauter sur cette dénommée Axe. Il suffisait d'un mouvement de travers et la situation dégénèrerait. Le Faucheur fendit la foule, jouant des coudes sans se soucier des grommellement. Parvenu à hauteur de la gamine, cette dernière venait d'asséner un beau coup de talon à un homme, qui était venu s'écraser contre le comptoir. Lorsque ce dernier se redressa, il était rouge de couleur, les yeux injectés de sang, et son expression en disait long sur tous les sévices qu'il comptait faire subir à la petite. D'ordinaire, Saigo aurait été du genre à encourager ça. Mais il n'était plus motivé.

Alors il dégaina une dague et la planta dans la nuque de l'ivrogne. Ce dernier mourut sur le champ.

Saisissant une pleine poignée de cheveux gras, Saigo arracha sa victime de son siège et l'envoya balader sans ménagement. Le cadavre s'écrasa au milieu de la foule, soudainement bien silencieuse. Au milieu de ces petites frappes alcoolisées, l'Exécuteur qu'il était faisait forte impression.

D'autres volontaires ? Demanda le Faucheur froidement.

HRP 2:

Le marin releva la tête, le nez détruit et les yeux injectés de sang. Elle allait le faire taire définitivement d’un coup du présent de la peau-verte, quand l’ivrogne se figea dans un bruit de chair tranchée, laissant sur le comptoir et les bottes de la jeune fille une longue giclée rouge. Il fut balancé au milieu de la foule sans ménagement, refroidissant immédiatement les quelques pirates venus s’agglutiner autour du comptoir.
Axe observa le cadavre se vider de son sang une poignée de seconde, puis releva les yeux vers le stryge noir dont les lames s’étaient retrouvées colorées de rouge une fois de plus. Leur arrivait-il parfois d’être vierges de ce genre de salissure, ou le jeune homme ailé traînait-il cette aura de mort en permanence ? Peu importait après tout, tant qu’elle n’était pas concernée. Elle sauta du comptoir avec légèreté, passa sa cape pour dissimuler ses blessures, et lorgna le stryge depuis sa tête de moins. Avait-il vraiment décidé de lui apporter son aide ? Peu probable.

Pardonnez-moi pour mon comportement. Cette rencontre fut une perte de temps je m’en excuse, aussi me semble-t-il plus sage d’y mettre un terme. Elle inclina rapidement la tête et fit un pas de côté pour que le stryge ne se trouve plus entre elle et la porte. Adieu !

Axe n’attendit pas la réponse. Elle empoigna un homme par les épaules et le renversa derrière elle pour faire barrage, puis s’élança vers la porte, restée entrebâillée depuis le départ de l’orque ; il n’était pas dit que le jeune homme ait l’intention de la laisser filer, elle ne croyait que moyennement à une soudaine hausse de générosité de sa part. Elle allait écarter le battant avec son épaule, déjà prête à détaler dans les rues d’Ishtar, quand une main saisit son bras, et qu'une autre referma la porte.
« Où tu crois aller, toi ? 
La jeune fille tourna la tête vers l’homme qui se trouvait au bout de la main ; celui-ci la toisait avec suffisance, une main fermée sur son bras, l’autre sur la poignée. Il lui fit comprendre d’un ton bourru qu’elle n’allait se tailler comme ça après avoir tué l’un des leurs. Il n’était pas assez fou pour accuser directement le stryge. Axe jeta un regard crispé vers le jeune homme ailé, puis revint sur le marin.
- Vire ta main de mon épaule. » Viiiiiite...
Pour toute réponse, l’homme éclata d’un rire gras, au son duquel le visage de la jeune fille se ferma, sous l’effet de la colère.
Elle saisit le bras du marin et le tordit violemment sur le côté, puisant un peu de contentement le craquement sec puis le cri qui suivirent. Elle tira vivement sur le membre désarticulé pour forcer l’homme à incliner le buste et lui envoya son genou dans le creux du ventre, l’empêchant par la même occasion de reprendre son souffle. La jeune fille ne lâcha prise que quand les genoux de l’homme cédèrent, le laissant se tordre de douleur contre le bois sale du plancher. …Crétin !

Le silence imposé par le stryge vola soudain en éclat, submergé par la colère de ses camarades ; des hommes se levèrent, gueulant des injures à l’intention d’Axe comme du sombre guerriers cette fois, en entraînant petit à petit le reste de la taverne dans leur rage alcoolisée.

La jeune fille passa la porte enfin dégagée et la claqua violemment, laissant le stryge noir se démerder seul avec les pirates échaudés, les gants et les bottes couvertes de sang. Même à Ishtar, où le spectacle devait être plus ou moins courant, plusieurs passants louchèrent sur la jeune fille et se mirent à chuchoter. Elle saisit une lourde caisse de cordages et de pièces métalliques, la tira devant le battant de bois pour le bloquer – cadeau pour le stryge – puis se laissa tomber à côté.
 Des mots avaient circulé de bouche à oreille quand le stryge noir était intervenu, qui ne lui avaient pas échappé. Parmi eux, « assassin », « mercenaire », « exécuteur », et « Congrégation des Ombres ». Il était donc lié à la tristement célèbre faction ; ça tombait à la fois bien et mal…Axe allait avoir à lui parler, mais avant, elle préférait laisser les pirates déchainés le...travailler un peu. Histoire de voir combien de temps il tiendrait face à une taverne entière, pendant qu’elle reprenait son souffle.

Spoiler:

Il eut à peine le temps de déloger sa dague de la nuque de l'ivrogne, que déjà sa proie se faufilait entre les pattes des clients restants. Des pirates de seconde zone, des brigands et des mercenaires en tout genre, une belle bande de petite frappe. Saigo n'avait pas de temps à perdre avec eux. Il voulut se lancer à la poursuite de la dénommée Axe, mais on le retint de toute part.

Tu crois que tu peux t'en tirer comme ça, pauvre pigeon ?

Tu fais moins le malin là, hein ? Même un gars de la Congrégation serait pas rassuré dans ces conditions.

En entendant ces paroles, l'Exécuteur laissa un immense sourire se former sur son visage, où trônait une longue giclée de sang. Il s'esclaffa, provoquant l'ire des pirates saouls. Certains brisaient des bouteilles pour s'en servir d'armes, d'autres dégainaient de courtes lames. Pauvres fous...

Je suppose que je peux vous le dire, vu qu'aucun d'entre vous ne va sortir vivant d'ici. Commença le Faucheur lorsqu'il fut certain d'avoir l'attention de tout le monde. Je suis Saigo, Exécuteur, Faucheur, et accessoirement numéro 2 au sein de la Congrégation de l'Ombre. Et je peux vous assurer que je suis tout à fait calme. Enfin, pas vraiment. Vous m'avez empêché de m'amuser avec cette gamine, et pour cela vous gagnez mon courroux. Dois-je préciser que ceux qui se sont confronté à ma colère ne sont en immense majorité plus là pour en témoigner ? Le stryge noir marqua une pause, attendant une potentielle réponse qui ne vint pas. Bien. Dans ce cas, commençons.

L'assassin fonça tête baissée dans la foule, charcutant et tranchant toute forme de vie qui passait à portée de ses dagues. Le plancher sale de la taverne fut bientôt gorgé de sang, alors que les cadavres des brigands ivres venaient un à un joncher le sol. Jugulaires tranchée, artères sectionnées, membres arrachés, décapitation... Saigo ne laissait rien au hasard, et prenait un plaisir fou à laisser aller sa colère. Ses vêtements et sa peau se tachetaient progressivement du sang de ses victimes, sans qu'il ne s'en formalise. Enfin, quelques minutes plus tard, il n'en restait plus qu'un. Le pirate, soudainement plus lucide, voulu courir pour sa vie. Il fonça vers la porte de la taverne, mais ne parvint pas à l'ouvrir.

C'est... c'est... c'est bloqué de l'autre côté !

Un cadeau de départ de cette petite peste ? Charmante intention. Constata Saigo en s'approchant dangereusement du dernier témoin de sa colère.

Non... Non... Pitié... Plaida-il pitoyablement en levant les mains.

Pour toute réponse, l'Exécuteur planta sa lame dans la paume droite du pirate, de toute ses forces. Le coup fut tel que la main du pauvre ivrogne se retrouva cloué à la porte, la pointe ensanglantée de la dague perçant probablement de l'autre côté. Toujours armé d'une seconde dague, le stryge noir s'avança vers sa victime, qui hurlait sa douleur. De deux coups rapides, il le priva d'air en perçant ses poumons. Puis, il laissa son organisme faire le reste. L'hémoglobine remplaça l'air, forçant le pirate à cracher son propre sang. Il mourut vite, faible qu'il était. Lorsqu'il expira son dernier souffle, Saigo récupéra sa dague, puis il quitta la taverne, en arrachant (à grand peine) la porte de ses gonds. Quelle ne fut pas sa surprise de retrouver la petite Axe, assise contre le mur adjacent. Le stryge noir la constata, couvert de sang de la tête au pied, avant de déclarer :

Tu dois VRAIMENT avoir envie de mourir pour ne pas déjà être en route pour Kastalinn...

La tête reposant nonchalamment contre le mur, Axe se concentrait sur les informations qui s’était échappée et s’échappaient toujours de la taverne. Ainsi, l’assassin était un dénommé Saigo, second de l’Ombre. Et il avait fallu qu’elle s’en attire les foudres…Il y eut un silence, puis ses oreilles ne purent plus rien pour elle, tant les échos qui leur fut renvoyés étaient incompréhensibles. Un massacre avait débuté à l’intérieur, il était inutile de chercher à en comprendre quoi que ce soit.

"C'est... c'est... c'est bloqué de l'autre côté !"

Un éclat de voix attira finalement l’attention de la jeune fille, qui avait cessé d’écouter. Mis à part la voix paniquée, il régnait un silence de mort sur les lieux. Saigo était-il vaincu ?

"Non... Non... Pitié..."

Non, visiblement. Axe sursauta en entendant une lame se ficher dans la porte, suivie d’un cri de douleur. Une pointe dépassait du battant, ensanglantée. Elle médita la vision quelques instants, prenant conscience du peu de temps qui lui restait avant que l’exécuteur ne passe la porte. Peut-être aurait-il été plus sage de s’en tenir éloignée…
Le hurlement s’étouffa dans un bruit étrange, qui tailla un sourire amer sur le visage de la jeune fille. Sa décision avait grand intérêt à valoir le coup. La pointe disparut, et la porte se mit à bouger, arrachée à ses gonds. Le stryge n’y allait pas par quatre chemins…Bientôt, il fut devant elle, couvert de sang, mais bien portant. Peut-être avait-il l’air un peu moins frais qu’en entrant, mais peu importait aux yeux d’Axe, il pouvait toujours la courser sans grand mal. Elle jura à voix basse.

Tu dois VRAIMENT avoir envie de mourir pour ne pas déjà être en route pour Kastalinn...

En attendant, c’est toi qui t’es fait toute la taverne, mon ami. Axe lança un regard curieux vers l’intérieur du bâtiment. Parmi tous ceux qui gisaient à présent sur le plancher rougi, il ne s’en était donc pas trouvé un seul pour le planter correctement…
Les passants avaient déserté la ruelle, certains alertés par le tapage, d’autre par la vision d’horreur qu’ils avaient aperçu au travers des vitres sales de la taverne. La silhouette sombres de l’assassin avait fini de rebuter les plus aventureux ; ils étaient seuls…

Kastalinn viendra plus tard, répondit-elle en se relevant lentement. Pour l’instant, je vise les terres désolées.

Axe se saisit d’une grosse pièce de métal dans la caisse. Le stryge n’avait pas abandonné ses projets en ce qui la concernait, c’était bien dommage. La lycanthrope doutait à présent de l’efficacité des lames sur l’assassin ; il venait de survivre à une mêlée de pirates dans un lieux clos, ce n’était pas l’expérience qui lui manquait, en ce qui concernait ce genre de moyen. Peut-être qu’une poulie dans la tempe finirait par avoir raison de lui ?

Car c’est dans ces contrées que je pourrai trouver votre QG, n’est-ce pas ? Si bien dissimulé que ni la Garde ni la Milice n’ont encore mis la main dessus.

Il existait beaucoup de rumeurs sur la congrégation ; la plupart lui paraissaient improbables, mais à présent qu'elle avait vu un de ses membres à l'oeuvre...elle brûlait d'aller les vérifier. Une association de mercenaires, regroupant à sa têtes certains guerriers parmi les plus puissants de Dùralas, on aurait dit cette congrégation des ombres taillée pour elle. Seule lui manquait sa position, malheureusement. Malheureusement.

Couvert de sang, Saigo continua de dévisager la petite Axe d'un air sadique. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui faire ? Tellement de possibilités... L'enfant s'était révélée teigneuse, mais elle ne poserait pas de gros problèmes... En la voyant se munir d'une grosse pièce métallique, le stryge noir ricana :

Pose ça, tu veux. Tu va te faire mal.

Avec le poids de ce truc, l'Exécuteur doutait que sa proie puisse se redresser, encore moins porter un coup suffisamment rapide pour le surprendre. Mais ce furent les paroles d'Axe qui lui firent lever un sourcil. Elle voulait donc rejoindre la Congrégation ? Elle ? Impossible. Quoi que...

Et si c'était pas juste une gamine vaguement rebelle ? Elle est teigneuse, elle sait ce qu'elle veut... à défaut de savoir se battre, elle a du cran... énumérait mentalement le Faucheur, jaugeant les capacités de la jeune fille.

A mon avis, Garde et Milice savent très bien où on est. Annonça-il calmement. Le seul truc qui les empêche de venir, c'est la certitude de se faire décimer s'ils bougent ne serait-ce que le petit doigt.

Il détailla à nouveau la petite, avant d'ajouter.

Quand à toi... t'es clairement pas prête à rejoindre nos rangs. Mais t'as du potentiel. J'ai pas à choisir qui entre ou pas à la CO, alors si jamais tu trouves notre QG... grand bien te fasse. Toutefois... le jour ou tu seras devenu la moitié d'une vraie menace, viens me trouver. Et sois sûre de ton coup. Si tu te surestimes, je te tranche en deux.

Sur cette ultime menace, Saigo tourna les talons, et s'en alla en direction de la plage. Être couvert de sang ne le dérangeait pas outre mesure, mais un petit bain de mer ne serait pas de refus...