Il est aujourd’hui devenu en Dùralas une association inhérente à l’idée du Mal, un agent extérieur au système visant la nuisance à celui-ci, voire sa destruction totale. Pourtant le terme de démon et tous ses dérivés, n’est à l’origine qu’un terme vampire traitant d’une puissance extérieure à ce plan d’existence. Le Daîmön, dans les sciences occultes des premiers astrologues de Spelunca signifie l’aide d’au-delà.
Avec le temps, au fil des adaptations à la fois littéraires, linguistiques et picturales d’une race à laquelle nous n’avons que des contacts limités, ce terme s’est traduit et exporté avec l’inhérente idée qu’ils seraient ennemis des Hommes. Le stigmate n’est pas exempt de vérité et nous verrons au travers de cet ouvrage qu’il s’agit bel et bien d’une guerre perpétuelle qui maintient en place les cercles infernales, la dimension démoniaque nommée le Rebis par ses habitants. Simultanément intestins et tournés vers nous, leurs prédations sont cependant le résultat d’un contexte fondateur, et force est de l’admettre, de la propension au bellicisme de notre propre civilisation.

Ainsi c’est lors du troisième Âge et de l’expansion du territoire humain que les autorités religieuses déclarèrent le Rebis comme ennemi de la Nation. Lors de la fondation de l’actuelle société Stellaroise telle que nous la connaissons, la mémoire collective avait donc assimilé de manière naturelle l’opposition qui nous lie à l’espèce des démons. Toutefois, il semblerait que peu d’histoires relatent des milices, ordres, et même croisades entreprises sans provocations de la part de nos voisins démons envers ceux-ci et nous devons pondérer la réputation des succubes et satyres par notre propre amour de sang et expansion.
Il semblerait que le Rebis n’existe pas de manière intrinsèque comme ennemi naturel à l’Humanité, comme certaines forces occultes du fleuve d’éther immatériel le sont, bien qu’il trouve origine en l’assassinat du premier-né d’Hélioë, frère de Magnésie, et Dieu Solaire. On raconte que Ranos dont la chevelure rappelait l’or du blé d’été, trouva en la jalousie des hommes raison suffisante à la pendaison publique. Celui-ci étant demi-dieu revint à la vie, trois jours plus tard, et s’engouffra dans les entrailles de la terre pour préparer sa vengeance et s’unir aux ténèbres primordiales du monde. Ensuite, que ses enfants, lassés de vivre dans l’ombre d’un chaos primordial quittèrent le cœur du Rebis pour créer le second cercle ; Elphaël, le Jardin. Menés par Phaïs, diable héritier des flammes d’Hélioë, les ombres de Ranos le déchu furent repoussées et Slayn arrosa de son sang les souterrains du monde afin qu’ils ne soient féconds à abriter les siens. Finalement, la troisième sphère fut investie par les rejetons du Titan qui ne pouvaient marcher vers Elphaël ; Krakens, léviathans, et vers géants creusèrent les ombres pour trouver refuge en les mystérieuses Abysses qui constituent la troisième et ultime sphère du Rebis.

Au travers de ce livre, nous tenterons d’expliquer chaque strate constituante des royaumes démoniaques avec le plus de neutralité possible. Il convient cependant avant de s’intéresser de plus près aux trois cercles démoniaques qui constituent le Rebis, (à savoir Némée, Elphaël et les Abysses) de poser à plat les différences qui ont fait la mauvaise réputation des Démons.

Nous expliquerons au travers du royaume d’Elphaël (seul cercle à présenter une organisation civilisationnelle) les principes intrinsèques qui nous éloignent et nous positionnent en guerre constante au peuple démoniaque. Sans qu’il soit ici question d’étudier Elphaël, puisque nous le ferons plus tard, nous l’emploierons simplement comme exemple comparatif.

Présidés par le Roi Démon Phaïs, héritier des flammes, et Slayn la Reine des beautés, les démons d’Elphaël vivent dans une structure semblable à la nôtre. Phaïs et Slayn décrètent respectivement les lois et les morales d’Elphaël, déléguant leur parole aux présidents, sortes de vassaux désignés, qui eux-mêmes traitent avec les démons dans une relation féodale verticale allant jusqu’aux démons mineurs dénués d’intelligence tels les familiers et diablotins. C’est à peu près tout ce que nous avons en commun avec eux ; la structure sociale.

Pour comprendre ce qui réellement nous différencie des Démons, il faut comprendre la nature de l’âme humaine et sa relation au fleuve d’éther. Pour reprendre les principes formulés dans « De l’autre côté du Voile : l’Immatériel » en ce qui concerne l’âme et son raffinement au cours de son existence dans l’éther, un esprit est puissant par ses expériences et sa survie continue au processus de réincarnation. Si nous avons mis un certain temps à comprendre ce principe, les démons l’ont eux réalisé très tôt à partir des connaissances divines de Phaïs et Slayn : est alors née la coutume de consommation d’âmes. Pour les démons, nous sommes un territoire vivier, un potager où piocher nourriture et énergie magique parce que nous sommes une part du fleuve d’éther.

Ce n’est pas par malice qu’ils détournent notre réincarnation et notre accès à l’Immatériel au moment de la mort, mais parce que les démons étant immortels et donc absents du fleuve éthéré, nos âmes présentent des intérêts infinis pour leurs sortilèges et une énergie considérable pour leurs circuits. Nous sommes à leurs yeux des piles, donc.

La première différence, et la plus fondamentale, réside dans l’ascension sociale des Démons. Véritable moteur civilisationnel, elle est tout ce qui importe aux habitants d’Elphaël ; plus un démon dresse de pactes et rapporte des âmes, utilisées à des fins diverses et variées s’étendant du carburant à la cuisine, plus il croît. Le principe d’Ascension est ce par quoi vivent et meurent les Démons ; espèce éternelle par nature, non affectée par le temps ou la maladie, ils sont cependant contraints d’engranger des âmes, des corps, ou toute autre substance humaine qui leur permettrait de subsister et croître. Un démon ignorant le pacte par lequel il naît et qui le lie à son Démon Suzerain est voué à faiblir, voire à la condamnation, en revanche, celui qui réussit gagne en force et peut même évoluer. On théorise que tous les démons cherchent en puissance à usurper leurs supérieurs, bien qu’ils perçoivent cette compétition éternelle comme bénéfique puisque poussant à la transcendance et à l’auto-régulation de l’espèce.

En bas de l’échelle, nous trouvons donc les espèces « mineures » : familiers, diablotins, esprits, et Zoo-Daîmöns (de type animal, de manière familière). S’ils peuvent se prêter à des descriptions d’assistances, voire de relations où ils n’existent que grâce au pacte qu’ils passent avec leurs sorcières ou arcanistes, certains exemples comme le Paresseux Démoniaque ou Vanshaj exemplifie bien l’erreur fatale à laquelle le terme « mineur » peut induire. Balrogs, Morts-Vivants et bêtes de légende tombent sous la catégorie de « démons mineurs » seulement par leur nature non-grégaire et sauvage, non pas parce qu’ils sont faibles.
Aussi, il semblerait que les Démons fassent la différence entre ceux dont les pouvoirs sont d’ordre brutes, non réfléchis et non utiles aux desseins politiques d’Elphaël, et ceux qui peuvent directement influencer les événements sur terre. En outre, il faut voir cela comme une différenciation plutôt que comme une réelle catégorisation.

Viennent ensuite les Démons Suzerains, de type humanoïdes, catégorie la plus vaste que l’on estime comme inclusive de 80% de l’espèce. La terminologie si elle invite à les penser forcément à la tête d’organisations exclusivement importantes est elle aussi trompeuse, un Suzerain possède la capacité de lier à lui d’autres démons, et âmes, sans pour autant l’exclure lui-même de la possibilité d’être fédéré. Parmi eux nous retrouvons les Sorcières des Tempêtes, liées aux Abysses, les êtres de plaisir vénérant Slayn, et les guerriers de Phaïs passés maîtres en les arts militaires sur terre. Monkeïnathon, Oupa des légendes guilléennes, en est un exemple terrifiant au même titre que Jenric avatar de Kernal, mais nous retrouvons aussi des figures populaires tel le docteur Faust, à la tête des Laboratoires Fortuna de Château-Rouge. Ce qui rapproche ces Suzerains, c’est leur insertion dans des relations de pouvoir liées de près ou de loin au cercle infernal qu’ils servent et leur capacité à utiliser les âmes mortelles dans des buts très précis. Comme nous distinguons Hommes et animaux, les Démons en font de même avec les Mineurs et Suzerains.
Enfin la catégorie la plus rare est celle des Démons Primordiaux : Ranos, Nox, Phaïs, Slayn et Vo’oV en sont les seuls représentants. Véritables divinités, au sens propre puisqu’ils descendent de nos Dieux, leur pouvoir fondateur les différencie des autres démons en les rendant essentiels au fonctionnement des cercles infernaux.

Ranos est la matière même du cercle originel, Némée, ses Ténèbres, tandis que Nox est la Mère de tous les démons. Phaïs repousse les ombres de son père Ranos, et Slayn rend fertile la terre d’Elphaël. Enfin, le mystérieux Vo’oV, reclus des Abysses, observe et commande aux Démons dont le but est la montée des eaux et l’avènement de l’âge des profondeurs. Une ère de la disparition du tangible au profit de l’âme, une prophétie aussi sibylline que terrifiante dans ses implications.

La magie structure les principes de vie en Duralas, elle ordonne la société et permet son progrès. Trouvant ses sources en le fleuve d’éther, elle est gratuite, à ceux qui en héritent les usages. C’est dans ce principe de gratuité et de provenance que diffèrent les arcanes démoniaques.
La Daemonos Arcana est une philosophie que nous retrouvons chez les cabales d’Harena ainsi que dans certaines civilisations à organisation tribale observées dans les marais, Wystéria et Perracie. Associée aux principes de sorcellerie, alchimie, nécromancie et goétie (l’occulte démoniaque) elle est un principe dictant que le pouvoir contenu dans l’offrande et le sacrifice permet un usage plus efficace des forces de l’univers que l’énergie du fleuve d’éther. En outre, elle permet aux individus non dotés de lien avec la magie de s’en approprier l’usage.

Si le postulat de base de la Daemonos Arcana est qu’en les sacrifices on trouve plus de force qu’en l’usage du fleuve d’éther est contestable, il est indéniable qu’il existe un caractère plus rigoureux et arithmétique dans ses usages que la magie dite classique. Uniquement constituée de formules, potions, incantations et formules bien définies, les pratiquants des arcanes noires se soumettent à des exercices mathématiques complexes dans lequel l’erreur induit inlassablement à la mort. Aucun démon ne laissera passer l’occasion de récupérer une âme, encore plus si celle-ci s’essaye à les manifester de manière erronée.
La Daemonos Arcana des démons utilisés par eux-mêmes est d’une nature différente de celle que l’on observe en Duralas puisqu’elle se repose sur l’emploi d’âmes mortelles, ou sur les résultats des pactes qu’ils tissent avec nous. Par exemple, il a été démontré à l’Institut de Magie que les tatouages que revêtent certains démons sont le résultat d’imprégnations runiques à partir de l’essence vitale d’Hommes. Cela créé un circuit arcanique à l’intérieur de son utilisateur, une reproduction infernale du fleuve d’éther, et démontre une grande connaissance à la fois de l’Immatériel et d’études toutes aussi poussées que les nôtres à l’égard de la magie.

Les légendes situent la naissance du royaume des démons en la liant à la mort du premier fils de Hélioë, Dieu solaire. Les Hommes assassinèrent Ranos, premier demi-dieu, et exhibèrent sa dépouille pour s’assurer que les mortels n’avaient pas à jalouser le divin. Trois nuits plus tard, les cieux se couvrirent de flammes et les vents hurlèrent de rage. La terre s’ouvrit pour récupérer son enfant, et celui-ci revint à la vie. Jadis désireux de guider l’humanité vers l’abondance et la prospérité, Ranos ne désirait plus que flammes et guerre pour pleurer son humiliation.

Ainsi naquit Némée, royaume de vengeance, placé volontairement à l’opposé du fleuve d’éther en moquerie au divin.

Les royaumes infernaux, ou Rebis, sont composés de trois cercles existant par-delà le temps et l’espace seulement accessibles via des portails d’accès seulement connus de leurs habitants. Secrets et discrets quant à leurs mœurs et réels desseins, nous ne savons des démons ce que des siècles à les combattre ne nous à permis d’observer. Au travers du regroupement de textes, données, et de la documentation dont disposent les bibliothèques royales de Stellarae, nous tenterons ici d’en établir une description globale.
Le premier cercle et le plus ancien est celui du dieu déchu, Ranos, ayant volontairement rejeté ses origines divines pour assouvir sa vengeance à l’encontre des peuples de la surface. Des trois cercles, Némée est celui dont les descriptions et ressortissants démoniaques sont les plus rares mais également celui dont émanent tous les autres. Au centre de l’organisation architecturale des royaumes infernaux, on fait état dans les anciennes odyssées d’un territoire éternellement plongé dans l’obscurité et où le hurlement du Père des démons chercherait à anéantir l’existence elle-même sans les cors dissonants des satyres qui tentent de l’apaiser. De nombreux tableaux traitent de la transformation physique et psychique du dieu Ranos devenu géniteur infernal, délestant à un moment précis de l’histoire des représentations dorées, associées aux éléments naturels pour en faire une masse informe dans des ténèbres insondables. Seul vestige de sa nature divine, ses yeux, devenus rouges après sa résurrection, guettent la Terre avec une rage infinie tandis que ses vociférations transcendent les époques motivées par une rage immortelle.
De nombreux arcanistes ayant étudié la question s’accordent à dire que les légendes signifient un événement réel, survenu près de ce qu’est aujourd’hui la frontière entre Sylfaen et Harena. On stipule d’ailleurs que la corruption d’Hukutav résulterait d’avoir un jour abrité la dépouille moribonde de Ranos, sans que cela ne puisse être prouvé. En outre, il semblerait que Ranos n’ait subsisté qu’en esprit et que son corps n’ait depuis longtemps disparu, désormais remplacé par les ténèbres sans fin de Némée d’où il œuvre à engendrer chaque démon. Le rapport à la musique en ce qui concerne son royaume est d’ailleurs intéressant, directement opposé aux traditions écrites qui régissent nos sociétés actuelles le mythe de la mort de Ranos et l’avènement des cercles infernaux relate d’une oralité hystérique, motivée par la haine, et n’est aujourd’hui observable qu’au travers de différents -et rares- témoignages de satyres, chimères et autres monstruosités enfantées par les ombres de Ranos.

Il y a dans la culture satyre un chant répandu, à moins qu’il ne s’agisse d’une incantation, dans tous les cas nous ne recommandons pas sa répétition de vive voix, au travers de laquelle une meilleure compréhension de Némée se fait ;

Dans l’ombre du titan, celui qui autrefois, enragé et mécontent pris un rat par trois fois, tous dansent par effroi.

C’est ainsi que le cercle de Némée, cœur des royaumes infernaux, trouve sa deuxième figure capitale ; Nox, la mère des merveilles. Souvent dépeinte comme un rongeur titanesque perpétuellement mettant bas, Nox serait le rat de la chanson en question, et aurait engendré la vie des enfers après avoir été souillée des ténèbres de Ranos. Le rapport en question, bien qu’éminemment sexuel, laisse envisager l’avènement du rongeur au statut de divinité infernale sous un rapport plus ésotérique que physique puisque le Père des démons et fondateur de Némée avait déjà perdu son corps au moment d’engendrer la vie en Rebis. Il y a peu à dire sur Nox tant son rôle et ses agissements se limitent à sa servitude pour Ranos ; gigantesque donneuse de vie, idiote et à jamais enfantant dans la douleur, l’élue de Némée est à l’image de son cercle. Chaotique, incompréhensible, et origine des autres cercles infernaux, Némée est une description torturée et sans espoir de laquelle bien des démons ont tenté de s’extirper.

C’est ainsi qu’est né le deuxième cercle démoniaque, à la périphérie des ténèbres de Ranos ; Elphaël, le Jardin.

Le caractère fondateur, à la fois par l’objectif de Ranos de créer une armée infinie pour assouvir sa vengeance et par la nature première de Némée, du premier cercle le rend en essence indéfinissable. Les études à son sujet se soldent par des recherches abstraites, conceptuelles, comme toute étude des mystères de l’existence, et diffèrent grandement de ce que l’on considère comme la civilisation démoniaque érigée au rang de culture (à savoir organisée et codifiée). Lorsqu’on parle de « royaumes » démoniaques c’est en sens plutôt du vaste empire du second cercle auquel on se réfère. Toujours d’après les anciennes odyssées, on retrouve la mention d’un schisme au sein de la structure étatique infernale laquelle donnera naissance à la Cité des Démons, Elphaël, siège de l’Arbre Promis.

Elphaël est décrite comme une cité de jardins suspendus, entourant l’Arbre-Promis, qui guide les démons voulant s’échapper de Némée jusqu’au trône des jumeaux Primordiaux Phaïs et Slayn. Nous ignorons cependant tout de si les démons vivent dans des habitations, ou en communion avec la nature à la façon des elfes, peut-être n’ont-ils jamais besoin d’aller aux toilettes même ? Dans tous les cas, l’Arbre est une figure aussi capitale que les souverains d’Elphaël et il semblerait que les âmes soient utilisées pour le maintenir en bonne santé. Ainsi, en plus de représenter des piles aux yeux des démons, nous serions aussi une forme de composte.

Les premiers jumeaux de Nox étaient Phaïs, le plus bel homme que les ténèbres n’eurent vu, et Slayn, née de l’écume du sang des créatures dont se nourrissait la Mère de tous les Démons. Demi-dieux fiers et se refusant à une éternité passée dans une infinie noirceur, ils s’enfuirent en cueillant l’unique fleur qui poussait en Némée sur leur route.

Les flammes de Phaïs, héritées d’Hélioë, permirent à Slayn d’arroser de son sang la graine qui devint aussitôt Elphaël le Jardin. La brillance de l’arbre fut un phare pour les enfants de Ranos et Nox qui eux aussi craignaient les ombres de Némée et lui accorda le titre d’Arbre promis. Ce fut dans son écorce d’or que se retirèrent Phaïs et Slayn pour diriger leur peuple et combattre éternellement leur père.
Si la légende est invérifiable et apporte seulement un élément possible à la raison pour laquelle existe Elphaël, on connaît de témoignages de Démons l’existence d’un conflit éternel avec Némée. Ranos est une peur présente dans les considérations démoniaques par son caractère titanesque, et chercherait encore aujourd’hui à reprendre le territoire que lui interdisent les flammes de Phaïs.

Demi-dieu à l’aspect humanoïde, Phaïs est décrit comme un jeune homme à la peau noircie par les ténèbres de son père, et aux cheveux coiffés de flammes solaires, naturellement prodige dans les arts de la guerre. Stratège, Roi d’Elphaël et Démon Primordial de feu il représente un modèle pour les forces armées auxquelles il commande et qui s’affrontent éternellement à la frontière entre lumière et ombre de Rébis. Ses disciples sont les démons guerriers, les démons mineurs, et les pyromanciens.
Slayn, sa jumelle, est elle aussi décrite comme une jeune femme à la peau noircie par les ombres, mais dont les yeux et les traits étaient aussi doux que la première lueur de la nuit. Ayant hérité de la fécondité de sa Mère et la sauvagerie de l’espèce des rats, le sang de la Démone maintient l’Arbre Promis en vie et ses disciples sont les incubes et succubes, en charge de la punition des âmes, et les démons bâtisseurs type hécatonchire qui veillent à l’entretien du Jardin Elphaël.  



Enfin, les Abysses sont le troisième et dernier cercle de l’ensemble Rebis qui constitue les royaumes démoniaques. Espace géographique qui s’étend au travers des deux autres territoires, Némée et Elphaël, les Abysses sont un cercle de mystère et arcanes où le Démon Primordial Vo’oV a élu domicile.
Lors de la fuite des jumeaux, le troisième enfant de Nox et Ranos, Vo’oV blob assoupi d’eau et de terre eut un rêve : les eaux monteraient et engloutiraient chaque plan d’existence. Il se laissa donc couler jusqu’au fond du Monde où il se préparerait à l’ère des Abysses, où les conflits, le temps et la matière elle-même deviendraient liquides.

Le territoire du demi-dieu Vo’oV est à son image. Informe, et abstrait, il regorge de démons de type serpents de mer, sirènes et plus généralement tout ce qui est rampant. On retrouvera cependant dans des entrevues avec des démons la récurrence de l’importance de l’esprit sur la matière en les eaux du plan abyssal. En effet, il semblerait qu’une part de Démons Suzerains officie pour le compte de Vo’oV et que le blob serait à l’origine même de la Daemonos Arcana. Avide de connaissances le Démon Primordial des Abysses commande à ses sujets de rassembler notions et philosophies dans l’attente de l’avènement des profondeurs. Les démons liés à Vo’oV ont une nature d’analystes, et incarnent l’essence mystérieuse et mystique de Rebis. Leur nature est souvent dissimulée et leur allégeance occultée, on murmure cependant que les Laboratoires Fortuna possèdent en leur complexe Speluncien un culte pour le Démon Primordial des Abysses. De quoi alimenter les théories les plus folles.

Il serait opportun de commencer cette clôture de l'ouvrage en rappelant que ce qui est proposé ici est une vision d'ensemble menée par un groupe de scientifiques dont la vérité n'est pas absolue. Notre monde étant vaste et sans cesse emprunt de découvertes nouvelles, il ne faut pas prendre chaque mot ici comme sacré.

Néanmoins lorsqu'on s'intéresse aux royaumes démoniaques et à son panthéon, il faudrait voir d'un nouvel œil cette race dont le destin est originellement tragiquement associé à un pêché envers les dieux. Notre conflit peut sembler infini et sans solution, il l'est sans doute aucun, mais notre part de démonisation (jeu de mot souhaité) autour de nos confrères cornus semble plus que minimisée à la lecture des anciens ouvrages qui ont jusqu'ici traité la question. Les Démons ne sont pas une espèce meurtrière et mauvaise, mais bel et bien une société organisée et structurée de manière à y faire rentrer le Duralassien en tant qu'élément énergétique et magique essentiel.

Nous constatons aujourd'hui l'inclusion et la collaboration pacifique avec bon nombre d'entre eux, bien que certaines entités -souvent religieuses- prêchent une exclusion totale à leur encontre. Ce serait bien idiot, il y a fort à apprendre de Rebis, à condition de ne pas lui vendre son âme.