Protection Rapprochée [ Pw Tigris ]

Orý était le genre de personne à apprécier les légendes, encore plus celles qui concernait les Loups-Garou. L'une d'entre elles racontait l'histoire d'une enfant recueillie par des Loups-Garou, une elfe selon les gens. Mais tout ceci n'était pas la chose sur laquelle il devait se concentrer aujourd'hui. Non, aujourd'hui un magistrat de la ville de Baldorheim l'avait convoqué pour une mission qui, selon ses dires, s'avérait être d'une extrême importance. Le magistrat avait décidé de faire appel à Orý après avoir compris de quoi il était capable en terme de combat à travers les quelques histoire qu'on lui avait rapporté.

Sa mission semblait simple : protéger une jeune femme nommée Tigris. Elle serait issue d'une famille de nobles Loups-Garou : les Rahenkar. Lorsqu'il fut sorti de la pièce où se trouvait le magistrat celui-ci ne trouva qu'une chose à se dire : Facile.

Le barbare se dirigea alors au point de rendez-vous prévu qui lui à été communiqué, en face d'une petite auberge, le magistrat lui avait dit d'attendre, et que, si tout se passait bien, Tigris devrait le retrouver ici. Les minutes passèrent, Orý était impatient de pouvoir rencontrer cette femme, qui, comme lui, avait côtoyé des Loups-Garou. Bien sûr, le barbare, après avoir survécu à la griffure se trouvant en plein milieu de son visage, avait entretenu des liens avec les Loups-Garou qui le considéraient maintenant comme " l'un des leurs " tant bien même il avait essayé d'en tuer un auparavant : pour eux, celui qui survit à la blessure mérite sa place parmi les Loups-Garou. Il avait déjà entendu parler des Rahenkar c'est bien pour cela que l'envie de rencontrer une fille des Rahenkar était grande pour lui.

Les minutes continuèrent de passer, le barbare était là, adossé contre le mur, lui donnant une vue sur tout les gens sortant à moitié saoul de l'auberge.

Protection Rapprochée [ Pw Tigris ] Ce2ps111

Aujourd'hui Tigris exultait. Aujourd'hui était son premier jour dans une grande ville. Aujourd'hui était son entrée dans le grand monde. Son père lui avait bien précisé qu'aujourd'hui, il lui faudrait faire honneur à son rang de noble Rahenkar. La jeune haute elfe lupine avait hoché la tête. Elle vouait une admiration sans bornes à son père, à sa mère. Ils était tous deux de fiers loups garous et la jeune s'acharnait à vouloir leur ressembler.

Exigeante avec elle même, elle engrangeait les savoirs, répétait les mouvements de combat sans relâche, veillait au bien être des gens sur leurs terres. Tout ce qu'elle pouvait faire, elle le faisait. Tout ceux qu'elle pouvait défendre, elle les protégeait. Elle ne faisait au final que suivre la devise des Rahenkar, les préceptes des loups garous. Force, Honneur, Courage. Même si depuis peu, elle commençait à voir des ombres poindre dans le tableau de sa vie. Ses oreilles commençaient à s'allonger. Elle ne supportait pas la viande dans son estomac depuis plusieurs années déjà. Elle avait l'impression d'être figée dans le temps alors qu'elle voyait les autres vieillir. Mais ces détails n'avaient pas encore semé le doute dans son esprit. Ils étaient latents, comme une légère brise qui s'éveillait de temps en temps dans un moment fugace et éphémère.

Sa mère, qui voyait bien l'ombre se profiler cependant, apaisait sa fille lorsqu'elle percevait un début de mélancolie ou autre sentiment négatif chez la jeune. Sans cesse, elle lui répétait que ce n'était pas le sang qui faisait le loup mais l'harmonie avec son esprit animal. Alors elle lui prenait la main et la menait devant le grand miroir en pied du salon où, ensemble, elles contemplaient les yeux mordorés bleu gris de Tigris. L'esprit animal en mouvement dans les couleurs de la nature. Un frisson parcourait toujours la jeune Rahenkar à ces mots mais ils avaient le don de la détendre comme si d'un coup, elle se sentait à sa place.

Lunem Rahenkar était sage : elle avait compris que les yeux reflétaient l'âme de sa fille. Et par ses mots, elle apaisait inconsciemment l'esprit animal et le sang elfique qui tous deux cherchaient à s'imposer de force. Doucement, avec patience, elle harmonisait les puissances que son mari développait chez leur louveteau mais elle se doutait bien qu'un jour viendrait où seule sa fille pourrait trouver son propre équilibre. C'était l'apprentissage d'une vie. Fort heureusement, la jeune ne manquerait jamais de temps. Il lui faudrait simplement faire en sorte que ses deux modes de pensées et d'éducation s'entraident et non pas luttent en opposition. Mais là aussi tout était question de sagesse ... Pour cela aussi que la mère louve posait les bases d'une psyché harmonieuse chez Tigris. Comme toute mère, elle ne souhaitait que le bien de son enfant. Et la ville annonçait le premier test de leur fille.

Aujourd'hui donc était un jour important. Ils devaient aller à Baldhoreim afin de rencontrer le magistrat qui s'occupait de l'administration de leurs autres terres. C'était une tradition. Tous les trois mois, le couple Rahenkar faisait le tour de tous leurs domaines et prenaient le temps de discuter des choses à faire pour la bonne administration de leurs terres avec les magistrats concernés. Aujourd'hui Tigris allait les accompagner et depuis le matin où elle avait appris la nouvelle, elle frétillait comme un jeune chiot. Son père n'avait eu qu'à grogner qu'une seule fois pour qu'elle se tienne coite. Néanmoins, il avait sourit : heureux de constater que sa fille - bien que très protocolaire et sérieuse - savait encore s'accorder des petits instants de jeunesse.

Aujourd'hui sonnait la première épreuve pour Tigris. Barold Rahenkar avait demandé un garde du corps pour sa fille. Non pas qu'il craigne qu'elle ne soit blessée ou autre mais il voulait un témoin objectif de ce qui allait se passer. La jeune avait pour mission de mener un paquet dans les bas fond de la ville. Elle serait attaquée cela était certain. Elle se devait de protéger le paquet au péril de sa vie. Mais protégerait elle son garde du corps ? Là était la nuance de la chose. Tout le monde peut défendre un objet ou sa vie mais tous ne peuvent se targuer de défendre une autre personne alors qu'ils ont une mission à remplir. Il n'avait rien dit à sa fille. Juste qu'un homme l'accompagnerait. Et il savait aussi que le garde du corps ne se présenterait pas comme tel. Simplement comme un guide. Quoi de plus normal après tout pour une jeune fille de noble naissance qui visite pour la première fois une ville inconnue ?

A l'aube, ils s'étaient tous mis en route vers la ville, tous trois à cheval. Son père avait donné en tout et pour tout à Tigris qu'une dague. Sa fille avait haussé un sourcil mais elle n'avait rien dit et l'arme avait fini sa course dans sa botte droite. Enfin, les remparts furent en vue. Ils ralentirent le rythme et alors que le soleil se levait au delà de la ville, ils passaient la grande grille d'entrée. Barold Rahenkar mena sa petite famille jusqu'au quartier administratif. Il indiqua à Tigris qu'elle devrait continuer droit devant elle jusqu'à la grande arche de pierre et que son guide l'attendrait à côté d'une petite auberge. Les parents saluèrent leur enfant, lui indiquant de les rejoindre chez le magistrat lorsqu'elle aurait terminé sa mission puis, ils s'en furent vers une autre rue adjacente.

Tigris quant à elle suivit les conseils de son père et avisant un homme massif accoudé à une auberge, elle descendit souplement de cheval pour aller l'harnacher au rondin de bois prévu à cet effet. Un écuyer l'accosta et elle lui donna quelques pièces en lui précisant bien qu'elle voulait sa monture nourrie, désaltérée et nettoyée lorsqu'elle reviendrait. S'il s'en occupait bien, il aurait un supplément. Enfin, elle alla se présenter à l'homme qui la suivait des yeux. Elle lui tendit l'avant bras comme le voulait la coutume des guerriers loups garous car à la vue de l'homme il avait dû l'être avant d'être guide pour les nobles ressortissants.

Bonjour, vous êtes bien la personne qui doit m'accompagner ?

La vérité du sang,
Le sagesse de l'esprit,
La force du corps,
La noblesse du coeur,
La valeur de l'âme.

Orý, toujours à sa place devant la vieille auberge, vit au loin trois chevaux se dirigeant à rythme soutenu vers la grande ville de Baldorheim. Enfin, la personne qu'il attendait tant était arrivée. Celle-ci descendit de son cheval à quelques pas du barbare, donna quelques pièces à un écuyer et tendit son avant-bras. Orý ne la lâchait pas du regard.

* La fille des Rahenkars...*

Quelques mots sortirent de la bouche de la jeune femme.

Bonjour, vous êtes bien la personne qui doit m'accompagner ?

Orý acquiesça.

C'est bien moi. On m'a demandé de vous accompagner dans les bas-fonds de Baldorheim, c'est pas le plus calme des quartiers pour une première visite de la ville...

Celui-ci se releva, désignant de la main le chemin à prendre pour aller à l'endroit voulu.

C'est par ici. On risque de croiser un ou deux mecs qui voudront se la jouer voleur sur le chemin, gardez l’œil ouvert.

Orý commença à marcher d'un pas lent en gardant la jeune femme à portée de vue.

Il y avait eu comme un blanc .... Son guide l'avait toisé froidement, la jaugeant, observant ses moindres mouvements. Et surtout il avait refusé de la saluer à la manière guerrière ... Qu'importe, tel était bien son droit. Il lui répondit alors :

C'est bien moi. On m'a demandé de vous accompagner dans les bas-fonds de Baldorheim, c'est pas le plus calme des quartiers pour une première visite de la ville...

Il lui désigna le dit quartier en question de la main et commença à se diriger vers lui. La jeune haute elfe respira un grand coup ... Par tous les crocs de ses ancêtres, cet homme n'était pas très causant ...

C'est par ici. On risque de croiser un ou deux mecs qui voudront se la jouer voleur sur le chemin, gardez l’œil ouvert.

Elle le suivit et marchant à sa hauteur, elle lâcha un léger rire frais et grinçant. A mi chemin entre l'enfant qu'elle n'était plus vraiment et l'adolescente-femme qui prenait sa place. Les bandits ne l'inquiétaient pas outre mesure, après tout le pire prédateur qu'elle avait eu à combattre n'était autre que son propre père.
Marchant vers les bas fonds, elle regardait son silencieux guide de temps en temps. Par tous les Dieux, elle sentait l'esprit animal en lui mais de là à border une conversation ... Etait ce son rang de noble à elle qui faisait qu'il se taisait ? Etait il en proie à un soucis quelconque ? Elle sourit en coin, et courageusement, se lança à l'assaut d'une conversation :

Vous habitez à Baldorrheim ?

La vérité du sang,
Le sagesse de l'esprit,
La force du corps,
La noblesse du coeur,
La valeur de l'âme.

Le silence s'était installé, pas un mot ne sortais des bouches d'Orý et de Tigris. Ce silence, le barbare l'appréciait, il était comme ça. Mais quelques mots vinrent briser ce silence.

Vous habitez à Baldorheim ?

Le barbare comprenait que tout le monde n'appréciait pas le silence autant que lui, certains trouvent ça " pesant " ou " génant ". Orý n'était pas contre parler avec Tigris, en tant que guide il se devait d'être accueillant et sympathique.

J'y suis né et j'y ai vécu toute ma vie. C'est une belle ville, même si certains la trouvent un peu trop froide, mais on s'y fait.

Le barbare lâcha un sourire en regardant Tigris.

Il reste encore quelques mètres avant d'arriver, ça à été plutôt calme. J'espère que ça le restera.
Qu'est-ce que vous allez faire dans les bas-fonds de la ville ? j'ai entendu parler d'un paquet... Vous avez le droit d'en dire un peu plus ?

Orý était un peu curieux, et de plus, cela entretenait la conversation. Il espérait que Tigris le trouve un peu plus sympathique que ce dont il à l'air à première vue.

J'y suis né et j'y ai vécu toute ma vie. C'est une belle ville, même si certains la trouvent un peu trop froide, mais on s'y fait.

Haaaaa un sourire. La jeune noble se força à demeurer altière mais sa jeunesse frétillait. Elle ne rencontrait pas souvent des inconnus avec qui discuter. Surtout vivant dans des grandes villes.

Il reste encore quelques mètres avant d'arriver, ça à été plutôt calme. J'espère que ça le restera.
Qu'est-ce que vous allez faire dans les bas-fonds de la ville ? j'ai entendu parler d'un paquet... Vous avez le droit d'en dire un peu plus ?

C'est une mission confiée par mes parents : Barold et Lunem Rahenkar. Je dois aller donner un paquet à un vieil apothicaire qui contient des herbes cueillies par ma mère. L'homme est un loup garou ancien, très respecté par notre clan pour son savoir et ses connaissances en médecine.

Soudain la jeune fille pila nette. Devant elle, devant les dernières vitrines avant les bas fonds, se tenaient deux personnages qui la paralysaient. Hauts, très pâles, avec de longues oreilles effilées, des cheveux presques blancs comme neige, lâches, tressés avec des anneaux d'argents ... Ils éveillaient quelque chose en Tigris. Elle avait envie de les approcher, de les rejoindre, un peu comme un aimant qui l'attirait. Elle secoua la tête lorsque l'un des deux inconnus tourna la tête vers elle pour lui sourire. Sans réagir, Tigris ne put que murmurer à son guide.

Qui sont donc ces loups garous étranges ? Je n'en ai jamais vu de tels ...

La vérité du sang,
Le sagesse de l'esprit,
La force du corps,
La noblesse du coeur,
La valeur de l'âme.

La conversation continuait, Tigris expliqua à Orý la provenance du paquet qu'elle se devait d'apporter à un autre Loup-Garou, un " ancien ". Le barbare continua de marcher d'un pas tranquille vers les bas-fond mais remarqua que Tigris s'arrêta net au milieu de l'allée.

* Hum.. ? *

Celle-ci fixait deux personnes se trouvant droit devant elle, à quelques pas. Tigris secoua la tête et demanda à Orý :

Qui sont donc ces loups garous étranges ? Je n'en ai jamais vu de tels ...

Des loups-Garous ? rétorqua Orý étonné.
Ce sont des elfes, il y en à quelques-uns en ville, on peut les reconnaître facilement grâce à leurs oreilles : elles sont longues et fines comparée à celles des humains...
D'ailleurs, si je peux me permettre, ils vous ressemblent beaucoup. Le barbare lâcha à nouveau un sourire à Tigris.
Remettons-nous en route, les bas-fonds commencent à apparaître devant nous.

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