Hypérion s'en était retourner au premier endroit qu'il avait fouler après son réveil; non pas la grotte caché des premiers géant mais simplement le Mont Tagne; cet endroit pourtant insignifiant pour la plupart était pour le Géant, une source de bonheur. D'ici il pouvait apercevoir ce village en hauteur qui semblait être celui de sa descendance; lieu dans lequel il n'osait foulé pied par inquiétude d'être déçu si ce n'était pas ce qu'il avait imaginer depuis ce jour là; le jour de son retour. Qu'aurait-il fait si il était le seul et unique représentant de sa race ? Qu'aurait-il fait si la mission de son frère et de sa sœur avait échoué ?

Il n'avait jamais vu d'autre géant pendant ces voyages et seul cette vision maintenait cette étincelle d'espoir au fond de son âme et il en voulait en aucun la voir disparaitre car sinon il serait anéanti psychologiquement mais aussi simplement réduit à une création ratée des Dieux... C'était fou la peur qu'il avait de poser la question à quelqu'un, de lui demander si il connaissait un autre Géant que lui. C'était fou à quelle point il avait peur des conséquences que cela pourrait t'avoir sur son existence même, sur son utilité en ce monde. Il avait surtout peur de la haine et de la rage qu'il pourrait montrer envers ces Dieux impuissant pour n'avoir réveiller que lui, il avait peur de devenir l'inverse de lui même... un monstre !

Alors il était la tremblant sous ces pensées, immobile comme une statue au milieu de la Neige, au milieu de nul part et au centre de tout...

[Deuxième jour d'expédition - Aucune trace de Selsya - Premier croissant de lune]

Le Mont Tagne. C'était la première idée qui avait traversé l'esprit de Ragnör pour retrouver Selsya, l'elfe des neiges avec qui cohabitaient son oncle Lòmion et lui, et qui avait décidé de prendre les voiles il y a peu. L'elfe était particulièrement solitaire, et elle aimait se retrouver dans son élément, c'est-à-dire la glace et la neige.

Mais pour l'instant, il n'y avait aucune piste. Le thérianthrope courait sur le mont tandis que les flocons ne cessaient de tomber. Il essayait de s'aider de son ouïe et de son odorat, mais ses sens sur-développés ne percevaient rien. Il cherchait donc toujours un peu plus haut, son endurance bestiale lui permettant de ne pas manquer de souffle au sommet, et sa souplesse elfique lui permettant de sauter facilement les crevasses qui se trouvaient sur son parcours.

À un moment, son nez s'agita à la manière d'un loup, il s'arrêta et se mit à sentir l'air. Malgré le froid mordant, il percevait une odeur particulièrement forte, quelqu'un semblait être dans les parages. Quelqu'un, parce que l'odeur n'était en rien celle d'un animal. Du moins, rien qu'il ne connût déjà.

Il remit son foulard sur son nez de manière à ne laisser que ses yeux d'un bleu électrique à découvert et il s'approcha de l'endroit d'oú provenait l'odeur.

Une cinquantaine de mètres plus loin, il le vit : c'était quelqu'un de grand, très grand. Il avait à la fois tout d'humain et pourtant, il ne ressemblait en rien à un homme. Il était particulièrement musclé, et sa carrure était solide : c'était un géant. Ragnör en avait déjà aperçu à BaldorHeim mais depuis le début de son existence, du haut de ses 110 ans, il n'en avait jamais approché d'aussi près.

Il se dissimula derrière un rocher enneigé et épia le géant, se demandant ce qu'il faisait là, immobile dans la neige. Il attendait le moment propice pour venir à sa rencontre, ou fuir. Il suivrait son instinct animal.

Hypérion ne quittait pas sa stase, attendant patiemment comme si quelque chose allait arriver. En vrai, il attendait de trouver en lui, l'étincelle de courage qui le pousserait à s'approcher un peu plus du village qu'il considérait comme celui de ses descendants. Mais rien ne venait, rien ne lui donnait envie de rencontrer une vérité qui pourrait soit être triste, soit être bonne. Qui voudrait voir ses espoirs s’effondrer en quelques instants ? Personne...

Il avait le regard vide vers ce sommet qui l'intriguait tant; aucune émotions ne trahissait son corps, puisque la trahison serait que son cerveau lui même accepte la possibilité silencieuse qu'il ne voulait pas entendre. Puis soudain, un élan de force et de courage le parcourut, il fit un pas. Mais n'en fit plus aucun ensuite; retournant dans ces pensées qui le torturait de l'intérieur...

Alors qu'il s'était arrêté, il vit au loin un être sortir de derrière un rocher, il semblait le regarder. Preuve en est puisque cet homme se mit à parler, à parler d'une Elfe des Glaces. C'était une chose dont il n'avait jamais entendu parler ni même vu de sa vie, il y avait bien trop de choses qui lui était encore inconnues. De toute manière si il l'avait rencontré, il s'en serait souvenu. Ils 'avança donc vers le type tout en lui répondant :

- Je suis désolé de vous l'apprendre mais je n'ai rien vu de tel. Si je peux vous aidez dans vos recherches j'en serais ravis, je me nomme Hypérion Chronus.

Il était désormais à quelque mettre du garçon qui malgré qu'il était emmitouflé sous des couches de vêtements semblait un peu jeune ou ce n'était qu'une impression. Le Géant désirait vraiment l'aidé, au moins cela lui changerait les idées.

Les sens du lycan se mirent en alerte lorsque le géant se mit à avancer, il devait faire au moins deux fois Ragnör, et rien que son avant bras musculeux était aussi large que sa tête, c'en était effrayant.

Mais l'elfe-garou ne broncha pas, il attendrait le dernier moment pour fuir en cas d'extrême urgence. Sauf que ce ne fut pas le cas. L'être gargantuesque se stoppa enfin et prit la parole : comme il s'y attendait, il n'y avait aucune trace de Selsya. Il fit la moue en dessous de son foulard et minauda quelques instants quant à la proposition du géant, l'interlocuteur de Ragnör semblait triste, épris d'une peine incurable, d'une lamentation. Il lui proposait son aide. Le problème c'était : en quoi pouvait-il l'aider ?

Finalement, il se décida, parlant d'une voix assurée.

- Eh bien, avec votre grande taille, nous pourrions explorer les environs pour voir ce qu'il en est ? Même si.. Je doute de trouver Selsya par ici, malheureusement. J'ai l'intuition qu'elle est déjà loin.

Peu importe, ça nous occupera, vous et moi.

Hypérion vu dans cette situation un moyen d'oublier ses problèmes en se concentrant sur ceux de quelqu'un d'autre. Fouiller le Mont Tagne l'aiderait surement à se changer les idées, bien qu'une part de lui, rêvait de fouiller la zone censée abriter sa descendance. Lorsque l'elfe lui répondit, il sembla que lui aussi espérait trouvé une sorte de réconfort dans cette quête idyllique. Le Géant posa sa main, paume vers le sol, en face de l'homme et lui dit :

- Je me nomme Hypérion Chronus, enchanté de vous rencontrer, comment vous appelez-vous ? Monter sur ma main pour commencer les recherches.

Il regarda autour de lui, voyant de la neige à perte de vue et s'attardant sur le haut pic des Géants; il continua à regarder autour de lui puis réalisa qu'il ne savait pas réellement ce qu'était une Elfe des glaces. Il regarda de nouveau son compagnon et lui demanda :

- Vous avez bien dit une Elfe des glaces ? Je ne savais pas que cela existait... Les siècles ont changé bien des choses... Pourriez-vous m'en parler un peu plus ?